28 janvier 2008

Match

Match

« Grâce à Paris-Match la philosophie vient de faire un formidable bond conceptuel » écrit cette semaine Alain Rémond dans « Marianne ». En effet, l’hebdomadaire au fameux « poids des mots, choc des photos » vient justement d’annoncer qu’il allait changer ce slogan pour un autre, qui autant le dire tout de suite, est magnifiquement philosophique, délicieusement métaphysique, et même pas de Jean-Pierre Raffarin : « La vie est une histoire vraie ».

C’est, comme l’explique si bien Alain Rémond, un concept épatant. Moi bêtement, par exemple, je croyais naïvement que la vie était vraie. Alors que c’est une histoire, vous voyez la nuance. Une histoire, qui, en plus, peut être fausse. Bon, je sens que ce n’est pas très clair, voici donc quelques exemples judicieux.

Par exemple, quand « Paris-Match » met en couverture Cécilia Sarkozy et Richard Attias à New-York, et bien c’est une histoire fausse. Ce n’est pas la vraie vie. C’est une fable de journalistes. Quand certains disent qu’Alain Genestar, rédacteur en chef du magazine a été viré à cause de cette une, c’est évidemment des ragots. Ce n’est pas « une histoire vraie ». Si Alain Genestar n’est plus rédacteur en chef c’est bien entendu parce que, euh, euh…. Bon, euh, continuons à parler philosophie.

Autre exemple. Les bourrelets de Sarkozy faisant du canoë. Ces bourrelets ne font pas partie de « la vraie vie ». C’est une histoire. Une histoire fausse. Dans sa volonté de toujours coller à l’ « histoire vraie de la vraie vie », Paris Match a enlevé les bourrelets. Ils sont logiques, à Paris Match.

Dernier exemple, quand « Paris-Match » fait des reportages à la Ceausescu sur Sarkozy qui auraient choqué un lecteur de « La Pravda », il ne faut pas s’en offusquer. C’est la vie réelle, puisque c’est « Paris Match » qui le dit. Ce sont des histoires vraies. C’est merveilleux.

Ainsi, la prochaine fois que vous irez chez votre coiffeur ou votre dentiste, vous saurez à quoi vous en tenir : tout ce qu’il y a dans Paris Match, c’est la vraie vie. Une vie remplie de défilés de hautes coutures, de soirées mondaines, d’appartements cossus, de vacances tropicales et d’après-midi shoppings de luxe. Une vie sans chômage, sans racisme, sans problème de logement, de pouvoir d’achat. Une vie où l’information essentielle de cette semaine, ce n’est ni la crise financière, ni le débat sur la campagne municipale, ni les déboires de Notre Président, mais la mort de Carlos. Une vie super, avec des trucs supers. Paris Match, le poids de l’hypocrisie, le choc de la complaisance.

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