25 septembre 2007

Prix

Chaque jour, le flot continu d’actualités brûlantes nous apporte son lot sinistre de déceptions moroses et de sourdes désillusions. Hier, c’était les résultas piteux du sport français tant en basket qu’en football qui plombait encore un peu plus notre moral déjà bien bas, mais, hélas, mes amis, il y a dix, cent, mille fois plus grave car, tenez vous bien, c’est à peine croyable, mais on en est désormais assuré, Alain Rémond n’aura pas, cette année, le Prix Goncourt. En effet, la liste de pré-selection vient de paraître et, horreur, le livre (bouleversant, sublime, incroyable, époustouflant, superbe, fantastique) de SAS n’y figure malheureusement pas. Aussitôt, on se sent poindre les larmes et percer, comme Napoléon sous Bonaparte, la colère sous l’amertume. Il faut cependant, je vous l’assure, se raisonner, et se dire que, non, malgré toutes les apparences, cela n’est pas si grave. Par ce que, je vous le demande, qu’est ce que le Prix Goncourt ? Pourquoi tant de prestige pour un prix, certes créé en 1903, mais qui n’a jamais récompensé Rabelais ou Victor Hugo ?Qui se souvient de ses lauréats ? De André Savignon (1912) ? De Henri Barbusse (1916) ? De Marcel Proust (1919) ? Personne. D’ailleurs, la non reconnaissance de SAS dans le classement prouve que cette récompense est indubitablement dilettante et bancale. Tenez, Yasmina Reza n’y est même pas. C’est dire. Il ne faut pas par conséquent s’en faire. Pour le Nobel, les jeux restent ouverts, car assurément, « Les Romans n’intéressent pas les voleurs », le livre (merveilleux, grandiose, excellent, magnifique, génial) d’Alain Rémond le mérite vraiment.

Je ne me risquerais pas à tenter de vous faire, comme Patrick Besson chaque semaine dans Marianne, une critique fine et accérée, avec des références super pointues entre deux vacheries, ni même un résumé qui en dirait soit trop, soit la même chose que la quatrième de couverture. Tout ce que je vous dirais, c’est que sur 180 pages que l’on ne voit pas passer, cela parle
(très bien), entre deux doses d’humour, d’amitié et de passion, de l’état de la littérature et de ce qu’elle a de plus beau sur fond d’enquête quasi poilicière. En plus, le papier provient « dun bois issu de forêt qui adoptent un système d’aménagement durable". Dans la poche, le Nobel, je vous dis.

17 septembre 2007

DVD

On imagine souvent le siège des grandes revues de presse comme de vastes bureaux au sommet d'un gratte-ciel en verre où se pressent de fringants et gominés journalistes avec des noms comme "Ted Levaillant", "Jack Silver" ou "Bob Coeurdacier" qui, entre deux coups de fil d'un correspondant de Singapour dicte, tasse de café à la main, une enquête exclusive sur un dérapage de la CIA tout en négociant une petite mais juste augmentation à un patron débonnaire et fumeur de gros cigare.

Autant dire qu'on est tout de même assez déçu à la vision du DVD d'Ariel Nathan sur les coulisses de "Marianne". On tombe de haut. Les locaux par exemple. Tout au long du film, on se balade à travers les différentes pièces des lieux. Il y fait plutôt sombre d'où un éclairage intempestif à toute heure du jour (cependant, amis écolos, rassurez vous, on voit clairement que Nicolas Domenach utilise des ampoules basse-consommation). Il y fait froid en hiver puisqu'il est apparemment d'usage de porter trois épaisseurs de pulls et il doit y faire chaud l'été vu le nombre de ventilateurs. Passons sur la déco, des photos, c'est original, des unes de "Marianne" ou un étrange portrait de Zidane, avec beaucoup d'étagères débordant de livres et de dossiers et des superbes MacIntosh au fond d'écran bizarroïde.

Question ambiance, c'est plutôt ccol, pas vraiment de pression apparente excessive, sauf les dimanches soirs d'élection où Jean-François Khan/Jack Bauer a très exactement 2h pour pondre un édito sur la victoire de Sarkozy (mon Dieu, mon Dieu). Une atmosphère plutôt détendue donc, sauf, il est vrai dans les conférences de rédaction, qui ressemblent d'ailleurs plus à une séance de vote de motion chez les Verts ou à une réunion de section communiste qu'au congrès bimensuel des experts-comptables du Val de Marne tant c'est houleux et bruyant.

Sinon, on voit comment se déroule la vraie vie d'un journaliste, entre meetings politiques en rase-campagne et tentative insoutenable de corruption politique et de détournement d'éthique journalistique comme cet envoi à Anna Alter d'un tee-shirt "Sexy centrist" par un mystérieux correspondant de l'UDF. Parce que comme j'avais oublié de vous le dire, le documentaire se passe pendanr la campagne présidentielle d'où l'occasion de revoir de très réjouissantes séquences comme ce dialogue avec Hervé Morin ventant les mérites de François Bayrou. On assiste aussi au fascinant processsus d'élaboration d'un journal, du rail (toutes les pages affichées côte à côte sur un tableau devant lequel Laurent Neumann joue nerveusement avec son stylo en le faisant géneralement tomber au bout de quelques minutes et où Maurice Szafran demande tout le temps: "Et ça, c'est prêt, ça? C'est bon, ça? On peut l'envoyer à l'imprimeur? Et machin, il a fini, ça?") à la couverture (Alors ça, en noir, ça en blanc, non pas cette photo, la première, hein, Jean-François, la première? Oui, bon et ça plus à gauche, oui comme ça).

On nous dévoile également les coulisses et le déroulement de la fête des 10 ans de "Marianne". Maurice Szafran nous révèle qu'il a réussi à avoir Cécilia Sarkozy au téléphone alors que, incroyable, il n'était potentiellement acheteur d'aucune centrale thermonucléaire. On reste bouche bée devant le faste des festivités, de la fanfare de clowns étranges vaguement mexicains, à la dame qui lit intégralement "Marianne" à voix haute, de Jean-François Khan faisant son discours sous les projecteurs de la piste ensablée du Cirque d'Hiver ou coupant tant bien que mal un énorme gâteau à la crème, et de Jean-Luc Mélenchon pas content, une fois n'est pas coutume, à Jean-Pierre Chevènement racontant l'anecdote passionante mais malheureusement trop peu connue de la première arrivée d'un ambassadeur soviétique en France en 1924 (!). Il y a même le débriefing le lendemain, de Jean-François Khan qui explique, qu'il avait trouvé les huîtres très bonnes mais que par un atroce concours de circonstances, il s'était trouvé éloigné du buffet de charcuteries , interrompu par les rires d'Alain Rémond. Car le meilleur du film, c'est tout de même cela, les apparitions de SAS; on le voit ainsi, studieux dans des conférences de rédaction, nettoyant ses lunettes et même donnant son avis sur le titre de une sans oublier les deux interviews exclusives sur le cinrisme révolutionnaire et la mort tragique de la souris Ginette. Rien que pour ça, on n'est finalement pas si déçu que cela d'avoir regardé ce DVD. Bob Coeurdacier ou James Mac Field ne remplaceront décidemment pas Guy Konopnocki ou Daniel Bernard...



09 septembre 2007

Chat

Chat

La semaine dernière, emporté par un élan impromptu d’enthousiasme, j’avais promis que je parlerai la semaine suivante du documentaire sorti en DVD sur les coulisses de « Marianne » et de l’incroyable (mais aussi fantastique, exceptionnel, majestueux, splendide, sublime, épatant, formidable, grandiose…) livre de SAS Alain Rémond , « Les Romans n’intéressent pas les voleurs » (par contre, les lecteurs…).

Or, force est de constater que pareillement au premier ministre des Finances venu, je vais être contraint de me renier quelque peu. A ma décharge, si l’on peut toutefois admettre l’existence d’éléments irréfutables pour excuser mon attitude impardonnable, la chronique de SM Alain Rémond de cette semaine m’oblige frontalement à aborder un tout autre sujet. Jugez plutôt.

Cette semaine donc, notre billettiste préféré (remarquez que je dis « notre » d’un ton un peu péremptoire qui pourrait masquer une contre-vérité, cependant j’estime que si Alain Rémond n’est pas votre billettiste préféré, vous êtes autant à votre place qu’un joueur des îles Tonga sur la route d’un « All Blacks » de 2,5m de haut) doit en effet, courrier des lecteurs oblige, répondre à cette toute naturelle question que tout à chacun se pose le matin en se levant et qu’il est tout à fait naturel de formuler à un brillant journaliste compétent, je cite « Pensez vous, demande un de ses lecteurs à Alain Rémond, que les chats existent (au sens –je cite toujours -où Heidegger l’entend, capable de se concevoir comme étant ?), fin de citation ». Je dois dire, monsieur que c’est une très bonne question et laissez moi vous dire qu’on ne sera pas trop de deux avec Son Excellence Alain Rémond pour répondre à votre sympathique et si spontanée interrogation (Dieu merci, je ne reçois pas encore de courrier comme celui-là, et je vous en prie ce n’est pas une raison pour commencer).

Tout d’abord, à ceux qui douteraient de ma légitimité en la question féline, je crois pouvoir affirmer que je suis très compétent dans ce sujet. En effet, comme vous ne le savez sûrement pas, j’ai un chat, dont je tairai le nom pour protéger l’intimité de Patapon. Et sans me vanter, je crois qu’on peut dire que j’ai un chat tout à fait extraordinaire (d’où la légitimité). C’est bien simple, il est hors du commun des autres chats., Toutefois, il est vrai qu’à première vue, mon chat peut sembler normal, voire banal.Le poil gris, l’oeil mi-clos, de vagues rayures, une petite bedaine, une allure de sénateur radical-valoisien pourrait à priori faire croire à la plénitude de sa normalité.Or, pas du tout, et comme je sens que vous êtes de petits coriaces, je crois qu’il vaut mieux vous donner des exemples.

La plupart des chats, d’après ce que j’en sais, ont des loisirs tout à fait aptes à laisser se déverser leur tempérament féroce de prédateur solitaire typiquement félin comme, engager un duel frénétique contre une dangereuse pelote de laine étonnamment vive, tenter d’attraper un canari horripilant ou bien tout simplement partir à la découverte de ce vaste monde un peu inquiétant avec ses dangers de l’inconnu mais prometteur en même temps de félicité à venir. Mon chat, lui, dort. Tout le temps. Entre sa sieste et son coucher nocturne, il dort. Même quand il mange, il semble à tous moments prêts à relâcher, faute de volonté, toute pression musculaire, déjà peu élevée dans ses cervicales et ainsi piquer un petit somme au milieu du bol de ronron pourtant « super-vitaminé ». Ce n’est quand même pas bien gênant, me diriez vous. Quoi en effet de plus sympathique après tout qu’un vieux chat ronronnant au coin du feu. Certes. Mais mon chat ne ronronne pas. Il vrombit. Quand il est content, on vérifie, inquiets, la machine à laver. Et puis et surtout, mon chat dort étrangement. En fait, c’est surtout la façon très particulière qu’il a de choisir ses lieux de repos qui confine au curieux burlesque.

Ainsi, je crois que je puis dire que ma demeure offre un nombre d’endroits douillets et confortables n’attendant que la venue régulière d’un quelconque félin tout à fait conséquent : canapés, lits, fauteuils…Or, mon chat à une passion pour les lieux les plus insolites. Par exemple, il adore le piano qui, avec tout le respect que je dois à cet instrument exceptionnel, fait un matelas très moyen. Mais, par une curieuse habitude il va tout les soirs se coucher là, sur ce meuble si possible en plein milieu de la nuit et en passant avec un soin minutieux sur toutes les touches dudit piano nous offrant la bienheureuse et toujours agréable surprise d’écouter une tentative d’exécution du concerto en ré majeur de Maurice Ravel à trois heures du matin. Quand il ne va pas sur le piano, il se résout à aller sur un lit non occupé. Mais là (mon chat est un non-conformiste) au lieu de se blottir au creux des draps ou sur un coussin, il préfère, devinez quoi, aller sur le traversin à qui il voue une bien étrange fascination. Le problème, c’est que vu sa corpulence, au bout de 5 mn, il glisse petit à petit puis il tombe immanquablement du traversin, se réveillant du coup en sursaut, mais regagne aussitôt son siége, et ce des dizaines de fois en une nuit,avec une conviction dans la répétition obstiné dont ne rougirait pas un poisson rouge. Sinon, il ne trouve rien de mieux que de dormir en plein milieu du salon, là, gisant, patte en l’air sur le carrelage glacé. L’autre jour, pour vous dire, mais je pense qu’à ce stade du raisonnement vous êtes probablement convaincu, il y a avait dans ces yeux blasés de fauve domestique comme un peu d’agacement condescendant en voyant mon indécrottable mauvaise volonté à lui ouvrir, pour qu’il rentre, la fenêtre de la cage d’escalier située à trois mètres du sol et à autant de portée de n’importe quel bras. Et c’est dans ces moments là, cher lecteur curieux aux questions insondables ,que je me demande ce qu’en aurait dit Heidegger…

01 septembre 2007

Rentrée

Rentrée

Après deux semaines de repos au soleil et deux semaines de menus problèmes informatiques (avez vous déjà essayé de travailler sur un ordinateur démarrant au son d’un sympathique vombrissement, genre base de méchant de James Bond en phase d’auto-déstruction ?), revoici, de nouveau audible, l’écho insondable de la rumeur bruyante du philorémondisme éructant*.

Or pour effectuer une rentrée sourire aux lèvres, plusieurs nouvelles tout à fait excellentes viennent comme qui dirait à point nommé.

Premièrement, le Pass Navigo. Souvenez vous, il n’y a pas si longtemps, il était ici fait question, en écho à une de ces incroyables chroniques dont Alain Rémond a le secret, d’un nouveau système électronique de la RATP,destiné à remplacer la carte Orange mais qui, sous couvert de modernité , accélérait un peu plus la mise en place d’un processus de fichage technologique des mouvements des individus. Mais voilà, le vent impétueux de la résistance républicaine et de la révolte citoyenne a fait trembler les soldats pernicieux de l’idéologie liberticide puisque, reculant, terrifiée, devant les assauts philorémonds, la régie parisienne a annoncé qu’elle mettait enfin en vente un nouveau Pass Navigo, qui préservera l’anonymat et par là même, la liberté (contre la modique somme de 5 euros, on va pas chipoter) .

Ensuite, mais vous serez dans les semaines suivantes beaucoup mieux abreuvés d’informations et de commentaires sur ces sujets, comme le proclame fièrement plusieurs publicités dans « Marianne », un DVD sera prochainement en vente avec l’hebdomadaire, un reportage sur les coulisses du journal pendant la campagne présidentielle et où comme on peut le voir ICI, SAS Alain Rémond aura une place de choix (ne prêtez qu’une attention méprisante au pitoyable texte situé en dessous notamment le « sic » de fin de page).

Enfin, qui dit mois de septembre, dit rentrée littéraire, on nous l’a suffisamment répété. Et LE phénomène de la rentrée ce n’est absolument pas « L’aube, le crépuscule, le soir, la nuit, le jour ou l’aube » de Yasmina Reza (regardez plutôt TF1, ça vous coûtera moins cher), mais plutôt « Les Romans n’intéressent pas les voleurs » de SAS Alain Rémond, futur Prix Goncourt dont on n’a pas fini de parler.

Voilà de quoi, je pense, repartir d’un pied énergique et enjoué vers une année riche en joies philorémondes…

*Licence poétique n°458-AB3