17 septembre 2007

DVD

On imagine souvent le siège des grandes revues de presse comme de vastes bureaux au sommet d'un gratte-ciel en verre où se pressent de fringants et gominés journalistes avec des noms comme "Ted Levaillant", "Jack Silver" ou "Bob Coeurdacier" qui, entre deux coups de fil d'un correspondant de Singapour dicte, tasse de café à la main, une enquête exclusive sur un dérapage de la CIA tout en négociant une petite mais juste augmentation à un patron débonnaire et fumeur de gros cigare.

Autant dire qu'on est tout de même assez déçu à la vision du DVD d'Ariel Nathan sur les coulisses de "Marianne". On tombe de haut. Les locaux par exemple. Tout au long du film, on se balade à travers les différentes pièces des lieux. Il y fait plutôt sombre d'où un éclairage intempestif à toute heure du jour (cependant, amis écolos, rassurez vous, on voit clairement que Nicolas Domenach utilise des ampoules basse-consommation). Il y fait froid en hiver puisqu'il est apparemment d'usage de porter trois épaisseurs de pulls et il doit y faire chaud l'été vu le nombre de ventilateurs. Passons sur la déco, des photos, c'est original, des unes de "Marianne" ou un étrange portrait de Zidane, avec beaucoup d'étagères débordant de livres et de dossiers et des superbes MacIntosh au fond d'écran bizarroïde.

Question ambiance, c'est plutôt ccol, pas vraiment de pression apparente excessive, sauf les dimanches soirs d'élection où Jean-François Khan/Jack Bauer a très exactement 2h pour pondre un édito sur la victoire de Sarkozy (mon Dieu, mon Dieu). Une atmosphère plutôt détendue donc, sauf, il est vrai dans les conférences de rédaction, qui ressemblent d'ailleurs plus à une séance de vote de motion chez les Verts ou à une réunion de section communiste qu'au congrès bimensuel des experts-comptables du Val de Marne tant c'est houleux et bruyant.

Sinon, on voit comment se déroule la vraie vie d'un journaliste, entre meetings politiques en rase-campagne et tentative insoutenable de corruption politique et de détournement d'éthique journalistique comme cet envoi à Anna Alter d'un tee-shirt "Sexy centrist" par un mystérieux correspondant de l'UDF. Parce que comme j'avais oublié de vous le dire, le documentaire se passe pendanr la campagne présidentielle d'où l'occasion de revoir de très réjouissantes séquences comme ce dialogue avec Hervé Morin ventant les mérites de François Bayrou. On assiste aussi au fascinant processsus d'élaboration d'un journal, du rail (toutes les pages affichées côte à côte sur un tableau devant lequel Laurent Neumann joue nerveusement avec son stylo en le faisant géneralement tomber au bout de quelques minutes et où Maurice Szafran demande tout le temps: "Et ça, c'est prêt, ça? C'est bon, ça? On peut l'envoyer à l'imprimeur? Et machin, il a fini, ça?") à la couverture (Alors ça, en noir, ça en blanc, non pas cette photo, la première, hein, Jean-François, la première? Oui, bon et ça plus à gauche, oui comme ça).

On nous dévoile également les coulisses et le déroulement de la fête des 10 ans de "Marianne". Maurice Szafran nous révèle qu'il a réussi à avoir Cécilia Sarkozy au téléphone alors que, incroyable, il n'était potentiellement acheteur d'aucune centrale thermonucléaire. On reste bouche bée devant le faste des festivités, de la fanfare de clowns étranges vaguement mexicains, à la dame qui lit intégralement "Marianne" à voix haute, de Jean-François Khan faisant son discours sous les projecteurs de la piste ensablée du Cirque d'Hiver ou coupant tant bien que mal un énorme gâteau à la crème, et de Jean-Luc Mélenchon pas content, une fois n'est pas coutume, à Jean-Pierre Chevènement racontant l'anecdote passionante mais malheureusement trop peu connue de la première arrivée d'un ambassadeur soviétique en France en 1924 (!). Il y a même le débriefing le lendemain, de Jean-François Khan qui explique, qu'il avait trouvé les huîtres très bonnes mais que par un atroce concours de circonstances, il s'était trouvé éloigné du buffet de charcuteries , interrompu par les rires d'Alain Rémond. Car le meilleur du film, c'est tout de même cela, les apparitions de SAS; on le voit ainsi, studieux dans des conférences de rédaction, nettoyant ses lunettes et même donnant son avis sur le titre de une sans oublier les deux interviews exclusives sur le cinrisme révolutionnaire et la mort tragique de la souris Ginette. Rien que pour ça, on n'est finalement pas si déçu que cela d'avoir regardé ce DVD. Bob Coeurdacier ou James Mac Field ne remplaceront décidemment pas Guy Konopnocki ou Daniel Bernard...



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