29 octobre 2007

Numismate


En ces temps froids de fin octobre, on s’aperçoit soudain que la neige qui tombe sur Aurillac et le début du mois de novembre sont des signes infaillibles de l’approche ferme et résolue de ce jour heureux de fin décembre tant attendu par absolument tout le monde (à part, il est vrai, par quelques dindes de mauvaise volonté), je veux bien entendu parler, vous l’aurez compris, de Noël.

Déjà, les magasins se remplissent de jouets, les catalogues arrivent dans nos boîtes aux lettres, et de fait, l’angoisse étreint le consommateur et membre d’une famille nombreuse, ce doute inquiet, cette crainte sourde, celle qu’on éprouve dans les rayons face aux livres et aux cédés, et qui n’est autre que le stress du choix du cadeau. En effet, comment peut-on trouver un présent original, qui fasse plaisir à moindre prix et qui, en cas de rejet de la part de son destinataire, puisse être facilement revendu sur e-bay ? Un vrai casse-tête, qui se répète chaque année. Et là mes amis, je tiens à vous rassurer, ne soyez plus inquiets, j’ai LE cadeau, celui qu’il vous faut, celui qui vous délivrera et vous permettra de passer les prochaines semaines dans une relative paix intérieure.

Ainsi, mes amis, grâce à « Trésor du Patrimoine », voilà tous vos soucis résolus, car cette noble institution nous propose, tenez vous bien, un objet économique, raffiné, rare, qui illuminera les yeux de ses propriétaires au pied du sapin et qui confortera la solidité de vos relations sociales. Je parle de Noël, mais sachez que c’est en fait un cadeau qui ira de pair avec tous les évènements heureux de la vie, vous pouvez donc l’offrir avec assurance et bonhomie lors d’anniversaire, pot de départ en retraite, baptême, mariage, communion, bar mitzva, demande d’augmentation, que sais-je…

Mais, me direz vous, de quel objet s’agit-il donc, car vous-êtes, je le sens, impatients de la savoir. Et bien, vous répondrais-je, c’est une magnifique pièce de monnaie de 41mm de diamètre et, gage assuré de qualité, en cupro-nickel et livrée sous capsule. On pourrait tout à fait acquérir cette œuvre remarquable uniquement pour la qualité technique de sa réalisation mais il y a un plus évident, un élément déterminant, son sujet, bien sûr.

Car que ce soit côté pile ou côté face, il n’y a pas ces figures convenues de Marianne ou de cartes si banales de l’Union Européenne. Non. Il y a mieux. Il y a la tête de Monsieur le Président de la République Française Nicolas Sarkozy, un visage ou la confiance sereine et l’assurance tranquille d’un incontestable et grandiose talent, ou la perspective joyeuse d’un pouvoir si bien exercé illuminent d’un délicat sourire cette auguste figure placide d’empereur romain, où les yeux pleins de malice semblent fixer l’avenir avec une imperturbable volonté (et ben, si TF1 cherche un remplaçant à Jean-Pierre Pernault, ils sauront qui trouver), cette tête donc, encadrée de ce nom synonyme désormais de félicité majestueuse, « Nicolas Sarkozy » et de cette date passée à la postérité, « 2007 ». Au revers, pour parachever la magnificence de l’œuvre, SA demeure, notre demeure à tous, l’Elysée, et sa perspective vers son fameux palier sont reproduit avec maints détails(en plissant les yeux on peut même voir Henri Guaino à la fenêtre).Alors mes amis, si vous n’êtes toujours pas convaincus, ce dont je doute sérieusement, voici quelques éléments pour vous décider.

D’abord, vous vous êtes peut-être dit que toute cette somptuosité, et le privilège incroyable de voir la figure céleste du Président dans son porte-monnaie justifierait sans doute un prix exorbitant. Que nenni, cette pièce « gratuite » ne coûte que « 3,98 euros » !

Et puis le temps presse, les stocks devant la ferveur populaire vont sans doute bientôt s’épuiser, il n’en restera peut-être pas, quelle horreur, pour vous. Ensuite il s’agit de la « Première frappe Nicolas Sarkozy », éditée pour « rendre hommage au 23e (le « et plus grand » a malencontreusement été oublié) président de la République », et donc, cela « les collectionneurs et les investisseurs (car enfin acquérir cet objet est somme toute un véritable investissement à long terme) le savent bien, la première pièce à l’effigie d’un personnage célèbre est toujours très recherchée car les portraits évoluent au fil des années ». Et oui, imaginez que cette noble figure devant l’usure inévitable du pouvoir, se barre de plis, de rides, s’arrondisse et vieillisse, chose heureusement peu probable car cela n’arrive qu’au gens peu extraordinaires, et bien vous pourrez dire dans quelques années « C’est vrai qu’il s’est un peu décati, et c’est bien dommage, mais regarde donc sur cette pièce comment il était il y a à peine X ans. Je peux te dire, que grâce à ça, ma pièce que j’ai acquis pour la modeste somme de 3,98euros, a pris une valeur considérable ».

Alors, mes amis, vous voilà, je l’espère décidés, pour que le 25 décembre au matin, vous fassiez vraiment plaisir, n’hésitez pas achetez cette magnifique pièce Nicolas Sarkozy !

( Au vu des propos que je viens de tenir, je tiens a préciser que je ne perçois aucune rémunération du Trésor du Patrimoine).

15 octobre 2007

Nobel

Nobel

Déjà bien éprouvés par la publication de la liste de présélection du Prix Goncourt où, ô rage, ô désespoir, ne figure pas ,comme l’exigerait la qualité de son ouvrage,(« Les Romans n’intéressent pas les voleurs »)SAS Alain Rémond , nous voilà définitivement anéantis par la divulgation des noms des lauréats du Prix Nobel de Littérature dont, emption et damnafer, Alain Rémond ne fait malheureusement pas partie. En effet, le jury du prix suédois a préféré à notre chroniqueur préféré l’obscure Madame Doris Lessing, c’est, disons tout le net, tout à fait mesquin.

Cependant mes amis, pour faire face à la cruelle vérité s’offrant à nos yeux révulsés, pour affronter l’amertume et le désespoir, pour pouvoir se rasséréner et se redresser, continuons ensemble, comme il ya trois semaines, à conspuer gaiement les prix littéraires incompétents, et raillons nous avec notre honnêteté et notre bonne foi caractérisée de nos amis les Suédois.

En effet, comme son nom l’indique, le Prix Nobel a été créé par le suédois Alfred Nobel qui , par sa généreuse invention aux valeurs universelles de respect, d’amour et de fraternité, la dynamite, a amélioré un peu plus encore les relations entre êtres humains qui en avaient bien besoin(ce pourquoi « Le Prix Nobel de la Paix » est aussi crédible que « Le Prix François Fillon de l’humour en politique» ou « Le Prix Jean-Marc Morandini de la culture »).

Donc, le Prix Nobel récompense ce qui serait, et la tragique non-reconnaissance d’Alain Rémond impose légitimement ici le conditionnel, l’élite de la littérature mondiale, ce qui est tout à fait absurde, car, je vous le demande, quelle légitimité peut donc avoir un suédois en matière de littérature ?

Qui connaît en France et dans le monde un seul auteur suédois, mise à part bien sûr, Hans Andersen ? Tenez, amusez vous un peu, faîtes ce test distrayant autour de vous, demandez donc à vos proches de citer un auteur de ce pays. Tout le monde vous bégaiera confusément au nez ou alors, si ce n’est pas le cas, félicitations, c’est que Jean d’Ormesson fait partie de vos intimes (si vous avez des amis rusés qui retourneraient mesquinement le jeu contre vous, énoncez avec aplomb et assurance « …mais, oui, bien sûr, Olaf Nölghensenpaf pour le XVIIème, ou encore Sven Khojöörpenk plus récemment, bien que je préfère encore Peter Häjänsen, pas toi ?»).

C’est pourquoi les Suédois ne sont aucunement qualifiés pour juger de la qualité de la littérature mondiale. Ainsi, mes amis, il ne faut aucunement s’émouvoir que les diaboliques inventeurs des meubles IKEA n’aient honoré de leur récompense misérable celui qui auraient mérité beaucoup mieux, car assurément, si les Suédois le lui avait décerné, au vu des antécédents du jury en matière d’ameublement qui ont causé la perte de millions de bricoleurs désespérés, SAS Alain Rémond, par solidarité avec ces derniers ,comme Sartre en son temps, l’aurait à n’en pas douter, refusée. Il n’y a donc pas de regrets à avoir, le Prix Nobel de Littérature est indigne et peu enviable, ce pourquoi je n’aurais qu’un seul mot, « ABBA le Nobel ! » (oui , je sais).

09 octobre 2007

Petit rigolo, suite et fin

Petit rigolo, suite et fin

Il n’a pas laissé son nom, ce qui est bien dommage, mais un message réagissant à ma chronique précédente. Je vais, si vous le voulez bien et même en cas contraire, mettre à profit ces colonnes pour lui répondre.

Alors, pour résumer, Monsieur « Courageux anonyme », comme on dit sur Rue 89, déclare dans son commentaire que , en gros, mais ce n’est que mon interprétation personnelle, face aux graves évènements politiques qui agitent et la France et le monde, Alain Rémond pourrait tout de même nous parler d’autre chose que des photos floues et des cintres, et que en conséquence, Alain Rémond est soit un amateur , soit un tire-au-flanc. Et mon correspondant de citer en exemple absolu de sérieux journalistique, je vous le donne en mile, Guy Konopnicki.
Cher monsieur, je vous invite, pour prouver la vacuité de votre raisonnement et ce sans contestation possible, à lire le « Marianne de cette semaine. De quoi, je vous le demande, parle dans ces colonnes celui que vous tenez pour un parangon de billettiste vertueux, j’ai nommé Guy Konopnicki ? D’une sombre affaire concernant le communisme, Sarkozy et un intellectuel médiatique. Est-ce bien sérieux en ces temps de guerre en Irak, de crise ne Iran et de scandale chez EADS ? Tout être normalement sensé, dont je ne doute pas que vous fassiez partie, répondrait, vous en conviendrez aisément. Et de quoi, en revanche parle Alain Rémond ? D’un sujet, je suis désolé de le dire d’une incroyable pertinence, l’accroissement constant de l’intelligence électronique conduisant de fait à un modèle de société inacceptable, blabala, humain, machine, privation de liberté, gnagnagnignagna, on est touS fichés, etc., sujet ô combien actuel. Ha,ha,ha ! Voilà qui prouve définitivement que oui, Alain Rémond est un journaliste consciencieux, alors que Guy Konopnicki, hum, bon ; de quoi clore une bonne fois pour toute le sujet.

Enfin, mon correspondant précise, à la fin de son intervention, vil flatteur, qu’il « aime bien retrouver [mon]papier du mardi », ce qui tombe très bien vu que c’est essentiellement grâce à lui que les prairies arides de mon inspiration vacillante se sont de nouveau reverdies et que si il va pouvoir ce soir apprécier mes écrits il ne pourra que s’auto-congratuler.

01 octobre 2007

Petit rigolo (2)

c Petit rigolo (2)

Parmi les innombrables missives de lecteurs que publie à chaque numéro « Marianne », il y en a une cette semaine qui, c’est le moins que l’on puisse dire, attire particulièrement l’attention, celle de Monsieur Pascal Gené, du Plessis-Trévisse (94).

Elle s’intitule, je cite, « Questions sur la productivité d’Alain Rémond » et est sous-titrée « Que la qualité soit là, certes mais et la quantité ? Comment votre protecteur de souris occupe t’il donc son temps ? » A ce stade de la lecture, si tant est que vous ayez survécu à d’éventuelles crises d’apoplexie, on pourrait penser que Monsieur Gené a manifestement largement outrepassé les bornes de la décence et les limites du bon goût, mais la suite nous prouve malheureusement que non.

L’auteur pour (mal) commencer s’adresse en effet, à « vous, Alain Rémond », l’ignominieuse virgule nullement suivie d’un élémentaire « cher », « distingué », « sympathique » ou tout autre expression de convention réglementaire quand on s’adresse à quelqu’un comme Alain Rémond(ou même, peu importe, à son trésorier général). Monsieur Gené le vouvoie, certes, mais on voit bien qu’il ne fait cet incroyable effort que pour se montrer plus accusateur.

Puis, le correspondant productiviste commence, une fois achevé son laborieux préambule à développer son tout aussi vaseux exposé, ce qu’il fait, preuve de la complexité intense de celui-ci en deux phrases et que l’auteur résume ne cette formule incroyable : « Avez-vous vraiment besoin d’une semaine pour écrire une chronique d’une page ? ».

Je vous épargnerai, mes chers amis déjà bien éprouvés, le reste du courrier, galimatias confus d’idées navrantes que l’auteur a du mal à conclure et qu’il ne vaut mieux pas aider à propager en les retranscrivant ici. Tout juste vous en donnerai-je cette surprenante citation : « Seriez vous le nègre de JFK ? Occupez-vous […]un sous secrétariat d’état aux cintres que notre président aurait renoncé au dernier moment à annoncer par crainte du ridicule pour vous ( !) ». Non, concentrons-nous, voulez-vous, sur le contenu. Reprenons cette question, adressée sur un ton vaguement goguenard : « Avez-vous vraiment besoin d’une semaine pour écrire une chronique d’une page ? ». D’abord, on ose imaginer ce qu’aurait dit Monsieur Gené rencontrant Marcel Proust : « Dîtes-donc, vous Marcel Proust, avez-vous vraiment besoin de 15 ans pour écrire un seule livre ? », remarque qui en amène une autre, c’est que, à mon humble avis, parler de productivité pour un artiste, c’est comme mettre la fourchette à droite et le couteau à gauche, ça ne se fait pas. Et puis, comme l’explique magnifiquement SAS Alain Rémond lui-même, l’écriture est un processus long, difficile et sans cesse soumis au gré incertain d’une inspiration parfois capricieuse, nécessitant une présence toujours assumée dans les locaux de « Marianne » de son meilleur chroniqueur et ce qui explique, que oui, il faut bien une semaine pour écrire une page. Par contre, pour écrire comme ce tire au flanc de Guy Konopnicki, une demi-page, c’est quand même nettement moins sûr…