19 novembre 2007

Déçu

Déçu

Il est toujours douloureux de constater que ce sont les personnes que vous admirez qui vous déçoivent le plus. Non, je ne parle pas cette fois-ci de Nicolas Sarkozy mais bien, aussi inimaginable que cela puisse être, de SAS Alain Rémond. Et oui, chers amis, ma déception est à la hauteur de ma tristesse car, j’ose à peine l’écrire, Alain Rémond m’a déçu, profondément, pas plus tard qu’hier. Je mesure bien l’énormité de mes propos que j’aurais sans doute conspués il y a encore quelque temps s’ils s’étaient trouvés dans la bouche de quelqu’un d’autre. Cependant, je tiens à dire qu’une admiration passée et future n’en est aucunement anéantie par une désillusion présente et que mon grief actuel n’entachera nullement mon entouthiasme philorémond.

Mais me direz-vous, pourquoi un tel volte-face ? Je vous en prie, tout de même, ne me lancez pas des questions comme ça à l’improviste, ça bousille tout mon beau schéma narratif. Bien, disais-je avant d’être interrompu assez grossièrement, pour tenter d’expliciter ma profonde désillusion, commençons donc par établir les faits.

Tout cela a commencé ce week-end avec la chronique tant attendue d’Alain Rémond, intitulée cette fois-ci« Moi, Alain R, ex tête de liste dans le VIIème arrondissement à Paris ». Alors là, je dois vous dire, que j’ai immédiatement été piqué au vif par ce titre, parce que, sans me vanter, je crois pouvoir dire que je connais très bien le VIIème arrondissement, puisque j’ai vu au moins trois fois « Amélie Poulain », hein, tout de même, je vous en prie.

Mais lez pire, ce n’est pas le titre. Non, c’est un plutôt bon titre, vraiment pas mal, bicolore, mi-mystérieux, mi-exotique, pas de jeux de mots sortis de l’ « Almanach Vermot 1897 », non franchement très bien, mais bon, c’est vrai qu’on est même quand habitué. Par contre, on ne peut vraiment en dire autant du contenu, édifiant, décevant. Ca commence plutôt bien, un paragraphe émouvant et drôle, sur la solidarité intergénérationnelle, jeunes-vieux, expérience-fougue, une solidarité noble et idéale dépourvue de toute notion d’héritage, prix de maison de retraite, mauvaise surprise chez le notaire etc. …

C’est ensuite que ça se gâte. Alain Rémond parle de la candidature prochaine de Rachida Dati, Son Excellence la Garde des Sceaux, dans le VIIème, puis il établit le lien entre lui et elle, à savoir que lui aussi était, je cite« tête de liste d’extrême-gauche, moitié PSU, moitié Lutte Ouvrière, fièrement intitulée « Paris aux travailleurs » ». Première grosse désillusion. Mais Alain Rémond ne se contente pas de déclarer, comme ça, là, qu’il fut voire peut-être, je n’ose y penser, qu’il est encore, un affreux bolcheviko-communiste-arc-bouté-sur-des-privilèges-d’un-autre-temps-qu’il-faut-réformer, il en rajoute et il commet l’impensable, tenez vous bien, il se moque ouvertement sur Rachida Dati, oui on peut le dire, c’est proprement honteux.

Il entame une rengaine insupportable, comme quoi Rachida Dati serait parachutée, qui plus est sans grands risques, dans un quartiers le, VIIème sur lequel il ironise, dessinant l’image à demi-mots d’un arrondissement censé être tranquille, grand-bourgeois, touristique, propre,( !) et où il y aurait, où va-t-il chercher tout ça, « des ministères aux magnifiques façades dans des avenues distinguées » !

On voit bien qu’Alain Rémond, excusez-moi de le dire, n’y connaît rien au VIIème . Qu’il ne sait rien de ce quartier, ouvrier, industrieux, dont la richesse ne se trouve ni dans d’inutiles monuments grotesques qu’on trouve plus loin, ni dans ces usines de travail à la chaîne qui ont depuis longtemps fermé, ni dans ces tristement célèbres mines de charbon ou de houille près de l’Ecole Militaire (cf : « Germinal Boulevard Raspail » de Guy de Maupassant d’Emile Zola ou « Cosette mendie au Quai d’Orsay » de Victor Hugo), ni dans ce petit-commerce, de proximité écrasé par les grandes surfaces, ni dans ces marchés populaires, ni dans la diversité des origines de sa population, ni dans ces rues boueuses où piétine la carriole familiale qui va chercher l’eau rance au puits de la Rue de Varennes, pour la soupe du soir qui constitue l’unique repas quotidien et dans laquelle on met un bout de lard, parce que demain, tu iras faire les vendanges du Champ de Mars, il faut que tu prennes des forces, non, elle est dans le cœur de ces gens simples et bons, souvent d’ailleurs, qui souffrent mais sont dignes, qui n’ont rien mais qui n’ont besoin que de peu, et qui eux, travaillent certes moins que trente sept années et demi (l’espérance de vie entre la rue des Saints-Pères et l'avenue de Suffren ne dépasse pas malheureusement les quarante-deux ans) mais beaucoup plus dur en tous cas que de vulgaires cheminots cégétistes . De plus deux preuves viennent nous confirmer que le VIIème n’est définitivement pas ce quartier aisé et tranquille que fantasment certains : la rue de Grenelle, symbole des luttes sociales et des avancées sociétales ainsi que le siège du PS, parti du peuple ouvrier par excellence, s’y trouvent, qui pourrait donc imaginer qu’ils ne se soient pas implantés dans l’arrondissement le plus populaire, le plus ouvrier et le plus vivant, autre part que dans ce VIIème ?

Ainsi, Alain Rémond n’y connaît rien, tout l’inverse de Rachida Dati, dont il se gausse injustement. Elle, au moins, a son diplôme de l’Institut International du VIIèmearrondissement comme l’indique son CV, sans parler du fait qu’elle ait étudié entre son année à Harvard et celle à Cambridge (ou est-ce l’inverse ?) à Sciences-Po, rue Saint-Guillaume, dont, faut-il le préciser elle est diplômée. Alors qu’en dites-vous messieurs les commentateurs aigris ?

C’est pourquoi aujourd’hui, chers amis, je peux dire avec tristesse, qu’Alain Rémond m’a déçu, mais je pense et j’espère que c’est la première et la dernière fois ; et je vous invite à crier avec moi , d’un ton résolu mais plein d’espoir « Allez Rachida ! ».

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