01 octobre 2007

Petit rigolo (2)

c Petit rigolo (2)

Parmi les innombrables missives de lecteurs que publie à chaque numéro « Marianne », il y en a une cette semaine qui, c’est le moins que l’on puisse dire, attire particulièrement l’attention, celle de Monsieur Pascal Gené, du Plessis-Trévisse (94).

Elle s’intitule, je cite, « Questions sur la productivité d’Alain Rémond » et est sous-titrée « Que la qualité soit là, certes mais et la quantité ? Comment votre protecteur de souris occupe t’il donc son temps ? » A ce stade de la lecture, si tant est que vous ayez survécu à d’éventuelles crises d’apoplexie, on pourrait penser que Monsieur Gené a manifestement largement outrepassé les bornes de la décence et les limites du bon goût, mais la suite nous prouve malheureusement que non.

L’auteur pour (mal) commencer s’adresse en effet, à « vous, Alain Rémond », l’ignominieuse virgule nullement suivie d’un élémentaire « cher », « distingué », « sympathique » ou tout autre expression de convention réglementaire quand on s’adresse à quelqu’un comme Alain Rémond(ou même, peu importe, à son trésorier général). Monsieur Gené le vouvoie, certes, mais on voit bien qu’il ne fait cet incroyable effort que pour se montrer plus accusateur.

Puis, le correspondant productiviste commence, une fois achevé son laborieux préambule à développer son tout aussi vaseux exposé, ce qu’il fait, preuve de la complexité intense de celui-ci en deux phrases et que l’auteur résume ne cette formule incroyable : « Avez-vous vraiment besoin d’une semaine pour écrire une chronique d’une page ? ».

Je vous épargnerai, mes chers amis déjà bien éprouvés, le reste du courrier, galimatias confus d’idées navrantes que l’auteur a du mal à conclure et qu’il ne vaut mieux pas aider à propager en les retranscrivant ici. Tout juste vous en donnerai-je cette surprenante citation : « Seriez vous le nègre de JFK ? Occupez-vous […]un sous secrétariat d’état aux cintres que notre président aurait renoncé au dernier moment à annoncer par crainte du ridicule pour vous ( !) ». Non, concentrons-nous, voulez-vous, sur le contenu. Reprenons cette question, adressée sur un ton vaguement goguenard : « Avez-vous vraiment besoin d’une semaine pour écrire une chronique d’une page ? ». D’abord, on ose imaginer ce qu’aurait dit Monsieur Gené rencontrant Marcel Proust : « Dîtes-donc, vous Marcel Proust, avez-vous vraiment besoin de 15 ans pour écrire un seule livre ? », remarque qui en amène une autre, c’est que, à mon humble avis, parler de productivité pour un artiste, c’est comme mettre la fourchette à droite et le couteau à gauche, ça ne se fait pas. Et puis, comme l’explique magnifiquement SAS Alain Rémond lui-même, l’écriture est un processus long, difficile et sans cesse soumis au gré incertain d’une inspiration parfois capricieuse, nécessitant une présence toujours assumée dans les locaux de « Marianne » de son meilleur chroniqueur et ce qui explique, que oui, il faut bien une semaine pour écrire une page. Par contre, pour écrire comme ce tire au flanc de Guy Konopnicki, une demi-page, c’est quand même nettement moins sûr…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Non, Monsieur, Non ! Et bien non Monsieur.

Je veux bien défendre Alain Rémond, grâce à qui j'ai appris à lire par la grâce de parents gauchistes avant même que Votre (S)AS soit canonisé(e) par les manuels scolaires. Mais, cette semaine, la plus élémentaire correction veut que le billet de Konopnicki — aussi abscons soit-il — offre un bien meilleur intérêt que le "flou" Rémondien.

Je vous vois venir : que vaut le galimatias parisianiste de Konop' (le 12e arrondissement ! Je vous demande...)face aux pensées Rémondiennes.

Oui mais là non.

Parce que l'objet de vos deux derniers "posts" portaient justement sur l'implication éditoriale d'Alain.

Ah ça oui ! Vous le défendiez tous crins dehors, votre Rémond. Et qu'il écrit pas assez parce qu'il réfléchit ! Et qu'il écrit pas assez parce qu'il met son grain de sel dans tout le journal !J'en tirâ (vous corrigerez) la conclusion que le regard de V.A.S. sur l'ensemble de l'actualité valait bien une messe, pourquoi pas, mais surtout une seule page hebdomadaire.

En qualité de G.D.C.P. (Grand Détenteur de la Carte de Presse.. voilà que je me découvre !), je dis qu'on est au four, au moulin, éventuellement chez la meunière pour les meilleurs d'entre nous, mais qu'on ne crache pas dans la soupe.

C'est pourquoi je m'insurge contre le petit papier d'Alain Rémond. Oh ! J'en vois bien les finesses politiques et économiques, du genre contestation de l'économie, du progrès, de la perfection sarkozyste et tout le tralala... Mais l'information se veut précise. Et un homme plongé dans le débat chaque jour renouvelé du Faire et des moyens de Faire ne devrait pas aller sur ces terrains. A moins que, comme l'a prétendu un lecteur (bien informé ?) de Marianne, Alain Rémond baille effectivement aux corneilles.

Moi je dis ça, je dis surtout que j'aime bien retrouver votre papier du mardi.

Bonne nuit.