05 mai 2008

Critique

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Alain Rémond sort un nouveau livre. Ca s'appelle « Le cintre était sur la banquette arrière », une petite anthologie de ses billets hebdomaires de « Marianne ». Alain Rémond a une chance extraordinaire: il n'a même pas besoin d'écrire ses livres. Il n'a qu'à rouvrir ses tiroirs qui grincent, exhumer ses dossiers poussiéreux, chercher dans ses placards fatigués, pas dans sa penderie, cintres obligent, et en extirper quelques une de ses hilarantes chroniques qu'il envoie fissa à son éditeur-bien-aimé-l'augmentation-faudrait-y-penser.


Le nouveau livre d'Alain Rémond, je dirais mieux, « le nouveau Rémond », comme on dit « le nouveau Nothomb », « le nouveau Houellebecq », « le nouveau Sarkozy », etc... est donc un recueil de chroniques parues dans " Marianne ", vendu à un prix dont la modicité vous fera sourire. Je précise que je ne l'ai pas lu, vous non plus, car on ne pourra l'acheter que le 30 Mai, jour qui, hasard heureux, se trouve exactement à quatre mois trois semaines et deux jours de l'anniversaire de mon grand-oncle, il y a de ces coïncidences, quand même, et qu'est ce que je sers à Madame Bouchard, le bonjour de ma part à Bouchard, ah ça, m'dame, y a plus de saison, on vit une drôle d'époque, une hirondelle fait pas le printemps, comme je dis toujours petit à petit l'oiseau fait son nid, laissez donc, ça tombera pas plus bas.


Ce livre, je ne l'ai pas lu, mais monsieur Antoine Perraud, si. Monsieur Antoine Perraud est journaliste. Sa passion dévorante pour la littérature et un besoin irrésistible de faire son intéressant le pousse, comme beaucoup, à commettre régulièrement quelques réflexions sur le monde des livres, dans son blog de Mediapart, le site participatif mais payant, faut pas déconner.


Or, Monsieur Perraud, je le bouscule un peu mais c'est sûrement quelqu'un très bien, n'a pas trop aimé le livre d'Alain Rémond. Enfin, pour être rigoureux comme Jean-Pierre Elkabach, je dirais que c'est plus nuancé. C'est à dire que dans l'ensemble, le livre lui a plutôt plu, mais en fait, il trouve que ça fait immédiatement plus branché si il adopte pour en parler cette distance condescendante de critique littéraire à qui on ne la fait pas, cette ironie de salon qui jauge en pouffant le travail des autres, en trouvant deux bons mots méchants qu'on pourra répéter au « Masque et la Plume ».


Mais, je suis peut-être injuste car Monsieur Perraud, entre deux digressions hasardeuses, ne parle pas tant du livre que de l'auteur. Un auteur qu'il épingle une ou deux fois de façon lourdingue, à l'aide de sa plume émoussée et de citations hors-contexte, puis, Fouquier-Tinville repenti, se ressaisit heureusement aussitôt, et attendri, complimente emphatiquement l'écrivain en usant de métaphores quasi-homèriques, deux points ouvrez les guillemets attention, c'est beau comme du Hervé Villard: « Comme un personnage de Jacques Tati transplanté dans un spot publicitaire, tel un enfant né juste avant l’élection de Vincent Auriol qui se retrouve juste après celle de Nicolas Sarkozy, Alain Rémond, Peter Sellers de la chronique qui aurait lu Barthes (NDLR: Monsieur Perraud parle visiblement de Roland, pas de Fabien), continuera de mordre la vie à belles dents tant qu’il y aura un contrôleur, dans un tortillard à l’approche d’Auray, pour nous gratifier, par voie de haut-parleur, du message suivant : « Avant de descendre du train, veuillez vous assurer de la présence effective du quai. »


Conclusion chers lecteurs, amis fidèles et nouveaux venus, toujours les bienvenus: je n'en ai pas. De conclusion, j'entends, très bien même, merci les sonotones Robert Hossein. Tout juste vous recommanderai-je, si le courage de mes convictions m'y poussait, de lire le dernier Alain Rémond, pour vous faire une idée. Mais ça serait sûrement une basse incitation commerciale.


A la semaine prochaine, ou plutôt, A lundi si le coeur vous en dit (je tente le superbanco).

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