11 décembre 2007

Chine

Cette semaine dans « Marianne », Alain Rémond nous fait découvrir cette révolution dans la façon de concevoir le dîner d’affaires, le « speed networking », une fantastique innovation. En effet pour les hommes d’affaires importants, il est fini le temps déjà oublié où l’on s’ennuyait à discuter du dossier Chassaing avec un seul interlocuteur pendant toute une soirée. Non, à présent, avec le « speed networking » vous prenez l’apéritif avec le directeur du service étranger, dès qu’ « une troupe de sonneurs de cors » fait sonner le clairon, hop, vous changez de table et vous vous retrouvez avec le responsable marketing avec lequel vous n’avez le temps que de prendre le plat principal car déjà, de nouveau le clairon, et paf, vous voilà à la table d’un client potentiel. Les patrons sont des grands enfants. Sauf que, bien que cette méthode puisse au premier abord paraître assez surannée voire franchement risible, elle a pourtant fait ses preuves, il y a une semaine, en Chine. Oui, chers amis, aujourd’hui grâce à une enquête d’investigation d’une rigueur exceptionnelle vous allez découvrir les dessous de ce dîner d’affaires où le Président Français a réussi à faire signé d’importants contrats au gouvernement chinois grâce, en plus de son incroyable talent de persuasion, au « speed networking », car Nicolas Sarkozy c’est bien connu est toujours à la pointe de la modernité et de l’innovation…

Alors voici le contexte. Nous sommes lundi dernier, à Pékin, lors du voyage présidentiel en Chine et la délégation française accompagnée des représentants du gouvernement chinois vont dîner « Chez Luigi, Cuisine Sino- Napolitaine », adresse bien connue des gourmets pékinois en vue de s’entretenir de la signature éventuelle d’importants contrats. Pour cette occasion, le Président français est entouré de son entourage, de ses ministres et de divers patrons : Andrée sa mère, Pierre son fils, Jean-Pierre Raffarin, Henri Guaino Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bernard Laporte, Eric Besson, Christine Lagarde, Rachida Dati et Rama Yade, Anne Lauvergeon (AREVA), Louis Gallois (AIRBUS). Du côté chinois le président Hun Jintao, le premier ministre et le maire de Pékin Wang Quishan représentent leur pays. IL est 20h et le dîner commence.

On se place dans un premier temps selon le hasard et les amitiés. Puis, on apporte l’entrée, des rouleaux de printemps à la Bolognaise, et déjà, les conversations vont bon train.

Ainsi, à la première table, Christine Lagarde a pris la parole : « Ils sont épatants ces Chinois, eux au moins quand le pétrole est trop cher, ils prennent leur vélo, pas comme en France.-Nicolas Sarkozy : Oui c’est vrai et puis le jogging aussi, plus que chez nous.-Rachida Dati : Ah, le vélo, ça me rappelle toute mon enfance, quand je devais aller à l’école le ventre vide dans la neige et que…-Louis Gallois, au président chinois : Donc, monsieur le président, ces Airbus, ça vous intéressent ?-Christine Lagarde : C’est tellement pratique quand il ya des grèves-Hun Jintao : Oui bien entendu, nous serions très intéressés. Mais d’autre part je crois savoir que Airbus voudrait délocaliser en Chine ?-Louis Gallois : Euh, c’est en effet envisagé, hum.-Rachida Dati : Si vous ne savez pas comment faire accepter la fermeture d’usine, je peux toujours vous être utile, j’ai de l’expérience pour les tribunaux-Nicolas Sarkozy : Elle est remarquable. » A la deuxième table, l’ambiance est nettement moins chaleureuse : « Andrée Sarkozy discute à part avec Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Lauvergeon tente de vendre ses centrales nucléaires au premier ministre chinois. Ce dernier ne l’écoute que distraitement car il remarqué que Jean-Louis Borloo semble bien morne en fixant une bouteille d’eau : « Qu’avez-vous cher ami ? Vous avez l’air songeur est-ce à cause de l’eau que nous avons à table –J-L Borloo : Hum, hum, non, non pas du tout, je n’ai absolument rien contre l’eau, ce n’est pas cela, qu’allez vous chercher là.-Alors, goûtez la elle est excellente, elle vient du Chang Jiang, le fleuve bleu, qui, il faut cependant le reconnaître est appelé ainsi bien qu’il tire sur le rouge. –Andrée Sarkozy : Oui, mais en Chine il est interdit de tirer sur quelque rouge que ce soit… »A la dernière tablée l’ambiance est encore plus morne , la conversation sur le rugby s’enlise : « Jean-Pierre Raffarin :Le rugby, c’est la communion des forces, c’est faire des passes en arrière en allant en avant-Henri Guaino : Le problème du rugby c’est qu’il n’est pas assez rentré dans l’Histoire tout comme l’homme africain ou Bernard Henri Lévy qui n’est qu’un sale…-le maire de Pékin : Je m’intéresse pour ma part beaucoup au rugby, mais je dois dire que j’ai toujours soutenu l’Angleterre- Eric Besson : Comme moi, je supporte également les anglais.-Bernard Laporte : Comment, Eric, tu as toujours supporté les Bleus. C’est parce qu’on a perdu que tu te renies ? »

Soudain le cor se fait entendre dans la salle et chacun change aussitôt de place, tandis que le plat principal (pizza au canard laqué) est apporté. A l’un des tables, les discussions commerciales reprennent : Anne Lauvergeon, patronne d’AREVA s’adresse au premier ministre chinois: « Nous avions je crois évoquer l’éventualité d’un contrat pour des centrales nucléaires ? Christine Lagarde : Ah, je croyais que c’était dangereux et polluant les centrales nucléaires-Sarkozy, gêné : Voyons, Christine. Elle plaisante, monsieur, elle plaisante.-Jean-Louis Borloo : Mais oui, c’est formidable les centrales, ça rejette moins de Co2 dans l’atmosphère, et je vais vous dire que grâce au Grenelle...-Sarkozy : Ah, il est remarquable. » A la deuxième table, la discussion est plus politique : «Nathalie Kosciuszko-Morizet interpelle le maire de pékin : « Je voulais aborder avec vous le problème de la justice et du Tibet-Henri Guaino :Le problème c’est que l’homme tibétain n’est pas assez rentré dans l’Histoire -Rachida Dati :Mais oui Nathalie, leur justice est formidable, il n’ya qu’un seul centre de rétention pour prisonniers politiques par district, et un seul établissement d’exécution des peines capitales par province, moi ça me laisse rêveuse. » Chez les autres convives, on s’emporte : « Louis Gallois : Alors monsieur le président Jintao, qu’en est-il de notre partenariat commercial ? –Ah, je suis désolé mais certaines informations sur ce sujet me penchent à préférer Boeing -Raffarin : L’Amérique c’est comme la vie, elle a toujours une longueur d’avance-Laporte : d’ailleurs le football américain me semble en cela plus intéressant que celui pratiqué en Europe et qui…-Louis Gallois estomaqué : Mais enfin qui vous a révélé de telles informations ?-Hun Jintao : Mais c’est votre aimable secrétaire d’Etat Mr Besson, avec lequel je viens de m’entretenir, cher ami. »

Nouveau coup de cor, on apporte le dessert (panna cotta au saké), tout le monde s’agite change de place puis se rassoit. « Nicolas Sarkozy à Louis Gallois et Anne Lauvergeon: Nous en avons donc, pour 20 milliards de contrats, c’est bien cela-Bernard Laporte : Auxquels il faut ajouter bien sûr le contrat que je viens de décrocher pour l’ouverture d’un casino à Shanghai sans compter une campagne de pub pour des boîtes de nems que je…-Andrée Sarkozy : Il est remarquable. » A la deuxième table on en est aux confidences : « Rachida Dati : Je vais te confier un secret Nathalie (Kosciuszko-Morizet), et bien voilà, je peux te le dire, j’ai menti, je ne pais de licence en lettres chinoises ni de diplôme de l’université de Canton-Raffarin : Moi par contre je parle couramment l’anglais : To win against the no, the yes needs the no because –-Nathalie Kosciuszko-Morizet : Tu sais Rachida, je le savais déjà-Ah bon ? Mais, ce secret je ne comprends pas je ne l’ai dit qu’à Eric Besson. » A la dernière table : « Christine Lagarde aux dignitaires chinois : Et bien messieurs, ça s’est très bien passé, pour des communistes je dois dire que vous êtes très convenables-Jean Louis Borloo : Voyons Christine, hem, bien, quel humour, hein, hé hé. –Henri Guaino : Le problème de l’homme communiste c’est qu’il ne s’est jamais… »

Et oui mes chers amis, voici comment s’est déroulé cet incroyable dîner, où grâce a cette incroyable méthode d’affaires, le speed networking, nos représentants, en plus de ramener pour 20 milliards de contrats, ont présenté la meilleure image de la France éternelle devant leurs homologues étrangers.

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