27 août 2008

Fin

Je ne voudrais pas tomber dans le lacrymalo-larmoyant sirupeux, ni dans le "soyons digne, restons fort, ne faiblissons pas" mais j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Quoi? Qui? Où? Quoi? Comment? Qu'est-ce? Une mauvaise nouvelle? Laquelle? Christian Jeanpierre continue de commenter les matchs de foot sur TF1? Non, amis lecteurs, pire que ça. Julien Courbet présente une émission sur France 2? Non, encore plus affligeant. Stieg Larsson a eut le temps d'écrire un quatrième tome de Millenium avant sa mort?Ah non, pitié, mes chers amis, déjà que les trois premiers sont les livres les plus ennuyeux et les plus mal écrits que j'ai lu depuis lontemps, j'espère bien qu'aucun manuscrit ne sera retrouvé par une veuve éplorée au fond d'un tiroir poussiéreux (sérieusement, si vous n'allez pas encore lu les insipides Millénium, surtout, ne les achetez pas, en plus c'est très cher. C'est très mauvais, on dirait une version papier de "L'Inspecteur Derrick". Du reste, ce n'est pas très étonnant, ce mauvais bouquin suédois, comme disait Proust, ou Rika Zaraï, je ne sais plus très bien: "les bons auteurs scandinaves, on peut les compter suédois d'une main"). Alors, quoi? Les Russes ont franchi le Rhin? BHL a commis un nouvel article sur le conflit géorgien? Christine Angot va nous vendre pendant des mois son dernier livruscule? Jean-Michel Aphatie est devenu communiste?Yves Calvi a perdu deux cheveux sur le front? Marianne a refait un numéro spécial "Sarkozy et les épagneuls bretons, enquête sur une relation trouble-Show bizz: révélations sur les folles soirées des stars à Maubeuge-François Bayrou est-il un héros courageux dans la droite lignée de Jeanne d'Arc, Napoléon et Charles de Gaulle? Le témoignage exclusif de Régis Debray et le sondage CSA/Marianne-Les politiques le taisent, les médias le cachent: le scandale des petits suisses avariés, Ségolène Royal prend position-Ils disent n'importe quoi et ne le reconnaissent jamais: les prévisionnistes de "Paris-Turf"-Et notre supplément spécial été: philosophie et érotisme, Nietzche aimait-il les blondes? Editorial spécial de Maurice Szafran" ? Alain Rémond va arrêter d'écrire? Mais non, voyons, pas si grave, tout de même. Alors, vous ne voyez pas? Bien, puisque vous êtes aussi lent à comprendre qu'un athlète français à terminer sa course sur une piste de course d'un stade pékinois, je vais vous le dire clairement: ce blog va s'arrêter.


Oui, je sais, dis comme ça, c'est un brutal, mais que voulez-vous, en ces périodes de crise et de récession, de guerre froide, et de croisade en Afgahnistan, que voulez-vous, il faut être franc et direct. Oui, mes amis, une bifurcation imprévue dans cette longue route sinueuse de ma vie, où je marche les dos courbé par le vent mauvais qui m'emporte de ça de là, pareil à la feuille morte, poussé par le souffle incandescent du Destin triomphant, guidant mes pas vers le gouffre obscur de nos vanités mortelles, cette longue route où le chemin est droit, mais la pente est forte, putain, c'est beau comme du Frederic Beigbeder, suivi d'un seul housard que j'aimais entre tous pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, car Booz s'était couché, de fatigue attablé, mais combien de marins, combien de capitaines qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, et jamais un coup de dés n'abolira le hasard,souvent sur la montagne à l'ombre du vieux chêne, au coucher du soleil, tristement je m'assieds, ô temps, suspends ton vol!Un seul être vous manque et tout est dépeuplé! Mais Ronsard me célébrait, du temps que j'étais belle, et d'ailleurs, mignonne, allons voir si la rose ce matin avait déclose, et nous partîmes cinq cent, mais par un prompt renfort, nous fûmes trois mille en arrivant au port, Rodrigue, as-tu du coeur? France mère des arts, quand reverrai-je hélas, de mon petit village fumer la cheminée, et la bobillette cherra? Car souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,et puis un loup qui n’avait que les os et la peau tant les chiens faisaient bonne garde, ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde et lui tint à peu près ce langage :« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » -C'est un peu court, jeune homme, répond Monsieur du Corbeau, car au village, sans prétention, j'ai mauvaise réputation, et longtemps je me suis couché de bonne heure, parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite, que je n'avais pas le temps de dire: "je m'endors", j'ai traversé le pont de Cé, et dans les rues de la ville, il y a mon amour, puisque ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale, et demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai, mais sur le tableau noir du malheur, je dessine le visage du bonheur, car sur mes cahiers d'écoliers, j'écris ton nom, liberté.


Bref, aussi brusque et éprouvant que cela puisse paraître (enfin, n'exagérons rien), comme je le disais avant que d'obscurs souvenirs lagarde-et-michardiens ne m'assaillent (ça me fait penser: allez visiter le Quai Branly, si vous avez l'occasion, le batiment est très beau, et il y a des superbes masques de guerriers massaïs, c'est magnifique et faussement naïf comme un livre de Kundera), un changement imprévu dans le cours de ma modeste existence (rien de grave, hein, au contraire) m'oblige à quitter quelques temps mon doux sol natal, me privant d'un accès régulier et facile aux joies immenses de cette terra incognita obscure mais merveilleuse qu'est l'informatique, sans laquelle, malheureusement, je ne puis entretenir la flamme du philorémondisme triomphant, bon dieu que cette phrase est longue, tout ça pour dire, enfin, que le seul et unique blog francophone exclusivement consacré à Alain Rémond (attention, moment d'auto-satisfaction intense) ne sera plus alimenté avec cette rigueur hebdomadaire et cette ponctualité légendaire qui faisait toute sa réputation, espaçant ainsi son rythme de publication, à des fréquences mensuelles, voire pluri-annuelles (est-ce une tautologie?a vous de voir), seulement pour les grands évènements rémondiens, parutions de livres, passages télés, envies soudaines et irrépressibles de raconter ma vie à mes amis lecteurs, etc, . Pardon, lecteurs, vous qui me lisez depuis déjà de longs mois, pardon de vous abandonner ainsi, et, ayant toujours à l'esprit le soutien que vous m'avez témoigné dans cette trop brève aventure, je m'aplatis de remords et d'humilité devant vous, comme un président français devant son homologue chinois. Oui, pardon, à toi, lecteur inconnu et plus ou moins anonyme derrière son écran d'ordinateur, pardon à toi Alain Rémond, qu'une imprudence folle me pousse çà tutoyer, et qui ne mérite pas une telle défection, pardon à toi aussi Jean-Edmond Le Crouchard, flamboyant président du Haut Conseil pour le Rayonnement Intergalactique d'Alain Rémond, dont j'ai oublié depuis bien longtemps de donner des nouvelles, comme me le faisait récement remarquer un lecteur fidèle, pardon à toi Nicolas Sarkozy, à toi François Fillon, humbles et magnifiques chevaliers triomphants de l'hydre socialo-bolchévique, dont j'ai souvent (soyons honnêtes) sous couvert de feinte admiration, égratigné la couche d'or fin recouvrant votre statue impériale au Panthéon des Grands Français Immortels, pardon à toi, Guy Konopnicki, pardon à toi Jean-François Kahn,qu' une lâche bassesse, qu' une immonde mesquinerie m'ont poussé à quelque fois vous tournés en dérision, oui, pardon, pardon à tous ceux que j'ai pu horripilé, fâché, vexé, mécontenté. Mais merci à vous, qui me lisez. Merci à toi, Marcel Gotlib, pour tout ce que j'ai appris à ta lecture. Connaissez vous, au moins, Marcel Gotlib, bande de petits chenapans? C'est un vieux monsieur, (eh oui, je l'ai rencontré, que croyez-vous, héhé, j'ai des relations), un vieux monsieur avec un affreux accent parisien, qui faisait, il y a longtemps, des bandes dessinées, dont les lectures successives et répétées de ma part n'arrivent pas à leur enlever le caractère hautement comique qui s'y attache, me plongeant, pour chacune de leurs cases, dans un état proche de l'hilarité furieuse. Je le dis, je le pense, Marcel Gotlib est, (avec Alain Rémond, of course), un monument de l'humour français. Il a un regard absurde sur la vie et s'amuse perfidement à détruire patiamment chacun des petits mythes de son pays. Cela vient peut-être du fait, que à l'âge de huit ans, il vit son père raflé par notre bonne gendarmerie française (Monsieur Gotlib avait bien entendu été préalablement dénoncé par un voisin, un honnête citoyen, un certain Bruce Horteufoux, je crois). Que voulais-je bien dire en parlant de Gotlib? Pas grand chose, simplement lui rendre hommage, parce qu'enfin, si l'on ne peut parler des choses et des gens que l'on aime sur son blog, à quoi ça sert, un blog, hein, je vous le demande? Je vous ai donc mis, comme vous pourrez le constater, quelques planches de ce génial dessinateur, cliquez dessus pour un gros plan (oui, je sais, elles sont affreusement estropiées, on dirait un budget de la Sécu après un plan de rigueur, mais bon). Oui, amis lecteurs, je pourrais vous parler encore un peu de Marcel Gotlib, Pierre Desproges, Ben Schott, Jean-François Zygel, Chris Esquerre, ou même de mon voisin, qui est au moins aussi épatant que ces cinq-là. Mais voilà, le devoir m'appelle, et le train sifflant s'avance en gare. Et bien, mes amis, ce sera, je crois, le mot de la fin.


Pas terrible, comme chute, non?






24 juin 2008

Poste

Pour ce qui sera ma dernière chronique avant un repos estival bien mérité (selon mon point de vue, du moins, vous je ne sais pas ce que vous en pensez), je n'aborderai pas, comme d'ordinaire, un grand sujet de société, un thème de l'actualité politico-médiatique, et je ne ferai pas de commentaires sur la dernière chronique d'Alain Rémond.

Non, aujourd'hui, l'enjeu sera plus modeste. En effet, j'ai vécu lundi dernier une curieuse aventure que je m'en vais vous narrer pas plus tard que maintenant.

Ca se passe vers la fin de la matinée, à 11h 17, environ. Le lieu du drame est une agence de La Poste, tout à fait banale. Les différents protagonistes de cette étrange affaire sont (dans l'ordre d'apparition) moi-même, une dame, un couple de personnes âgées et une employée de La Poste, et peut-être aussi le Dieu de la Malchance.

Nous sommes donc lundi à 11h17. Devant poster une grosse enveloppe marron volumineuse avec tout un tas de papier dedans, je franchis d'un air tranquille le seuil de l'agence postale. Jusqu'à récemment, n'étant pas très au courant des différentes modalités d'achat de timbre, je devais, d'un air contrit, soupirant, grognant contre la Vénérable Institution du Courrier, patienter de longues minutes dans une file d'attente sinistre composée de clients d'aussi bonne humeur que moi, attendant que l'unique guichet sur les trois prévus soit libre. Bref, un cauchemar, pire qu'un match France-Italie.

Or, je me suis aperçu il y a peu de temps de l'existence d'une sorte de machine magique, atteignable sans file d'attente à rallonges, qui vous donne joyeusement une petite vignette spécialement adaptée au poids exact de votre lettre. Merveilleuse invention, plus belle découverte humaine depuis peut-être l'ouvre-boîte.

C'est donc avec un esprit libre et dégagé que je m'approche de ladite machine. Première tuile: il y a une dame devant moi. Pas grave, pensai-je naïvement, c'est l'affaire de trois minutes maximum. Je mesure à présent combien la vie réserve un lot incroyable d'affreuse déception. Car l'achat par cette dame de son malheureux timbre se doubla de complications si ténébreuses, que j'hésite à vous en faire le récit ("j'hésite", certes, mais pas top longtemps quand même parce que c'est un excellent sujet de chroniques).

La dame, en effet, a beau mettre une pièce de un euro pour payer son timbre à 0,52 euros, dans le petit espace prévu à cet effet, puis valider sur l'écran tactile, la pièce en question retombe immédiatement dans la fosse où, normalement, la dame devrait trouver sa monnaie, et son timbre.

Elle a beau recommencer, re-recommencer, re-re-recommencer, rien n'y fait, toujours rien, sa lettre reste désespérément privé de son oblitération idoine.

Je raconte comme ça, d'un air détaché, mais la dame, et moi-même, n'avions pas franchement le sourire devant cette incompréhension de la Machine pour l'Homme.

Sur ces entre faits, entrée de nouveaux personnage. Fin de l'Acte I, début de l'Acte II.

C'est un couple de personnes d'un certain âge. D'un point subjectif et extérieur, l'homme paraît très remonté, la femme, plutôt agacée.

L'homme s'approche de la dame à la machine. Ca ne sert à rien de s'acharner, explique-t-il posément, la machine, par un sort extraordinaire, refuse de rendre la monnaie. Il faut donc mettre le compte exact , ce que l'homme désigne sous le terme ancestral de faire l'appoint. C'est pour cette raison, continue-t-il, qu'il revient lui-même du marchand de journaux, où il a réussi à obtenir des pièces de centime pour arriver pile poile à la somme due, et donc, si cela ne dérange pas le monsieur (moi) ni la dame (la dame), il voudrait bien passer devant.

Or, je dois dire que la dame, de façon assez compréhensible, ne se laisse pas marcher sur les talons. Elle réessaie encore deux ou trois fois, arguant qu'il y a écrit en gros "cette machine rend la monnaie", ce dont ladite machine semble se glorifier justement avec assez peu de dignité. Le couple de personnes âgées s'énerve, eux, ils ont l'appoint, le mari rouspète, la femme ronchonne. Notre problème attire l'attention de toute la Poste.

Là, entrée du dernier protagoniste: une employée qui rentre justement à ce moment-là. Elle vient de la banque. Comment? La machine ne marche pas? A mais oui bien sûr, s'écrit elle en souriant, il n'y a plus de monnaie! Elle revient précisément de la banque, où elle est allé en chercher!

Et d'un sourire légèrement condescendant, elle toise la dame et le monsieur, dont elle moque la persévérance et l'incompréhension devant le refus de coopérer de la machine, et peste contre nous-mêmes, clients qui râlons pour un rien, renversement des rôles légèrement curieux. "PTT, Petit Travail Tranquille", ironise dans un souffle le monsieur, qui peut enfin, après quelques manœuvres techniques, acheter son timbre (poli, je le laisse passer après la dame). Moi même, je suis ravi, 20 mn après mon arrivée, d'entendre le bling-bling des pièces de ma monnaie sur le métal froid de la machine, tout droit sorti d'un casino monégasque.

Conclusion sur cette historiette: la Poste est mal aimée, c'est vrai, mais des fois, elle ne fait vraiment rien contre.

C'était ma minute: convertissons nous à l'idéologie de Jean-Marc Sylvestre.



16 juin 2008

Licenciement

Lundi dernier, rentrant d'une harassante demi-journée de travail, j'allumai négligemment ma télé, tombant par hasard sur le journal télévisé de Canal +. Autant dire que je n'ai pas été déçu. Dès les premières images, une sourde interrogation me déchira le subconscient (c'est très douloureux, soit-dit en passant). Car, quelles sont-elles, je vous le demande, ces images? De viellies archives, avec les trois lettres INA dans un petit encadré. On reconnaît le jeune mais déjà malicieux Patrick Poivre d'Arvor, présentant le journal d'Antenne 2, sa voix couverte par un commentaire compassé narrant la lente ascension du journaliste "...et Patrick Poivre d'Arvor devient très vite populaire....un symbole, le présentateur le plus écouté d'Europe...21 ans à la tête du journal de TF1...passioné de littérature...drames personnels....affaires sulfureuses...", bref, ce genre de résumé d'existence, présentation nécrologique de la vie d'un défunt célèbre que les médias nous servent à chaque décès de Grands Hommes. D'où mon questionnement inquiet: Patrick Poivre d'Arvor serait-il donc mort? Comme ça, là, par surprise, à 60 ans seulement? Diantre! Heureusement pour la liberté de la presse, je comprends que PPDA n'est pas mort mais seulement viré.


PPDA viré. A peine la nouvelle continue, qu'on nous inflige une loghorrée d'obscénité sans fond. C'est d'abord les médias qui se délectent de la nouvelle, la plaçant en une de tous les journaux, la mettant au menu de chaque débat, de chaque émission, de chaque chronique. On raconte les moindres détails, les coulisses, les dessous de l'affaire, ce qui s'est vraiment passé, Paris-Match, allant même jusqu'à avec une délicieuse élégance publier la phot exclusive du journaliste découvrant sur son portable le texto fatal (en attendant que le site internet du "Nouvel Obs" n'en publie le contenu: "Si Laurence Ferrari revient, j'annule ton contrat"). C'est ensuite l'intéressé, lui-même, PPDA qui s'érige en parangon de l'impertinence envers le pouvoir politique (défense de rire) et ses amis, invités dans les talk-shows, qui relaient cette prétendue insolence journalistique. C'est aussi les commentateurs qui se demandent si oui, ou non Nicolas Sarkozy y est bien pour quelque chose. "Ah! On ne voit ça qu'en France, cette paranoïa! Le président n'a rien fait" décréte jean-Michel Aphatie. Ce sont les débatteurs cathodiques qui s'interrogent sur le devenir de la marionnette des guignols, réplique latexifiée de PPDA, un débat capital pour l'avenir de notre pays. L'AFP, institution vénérable du journalisme sérieux et responsable, qui pond une dépêche pour confirmer en urgence la reconduite de la marionnette au poste de présentateur du journal satirique.


A y réflechir, je crois que c'est peut-être TF1 le plus indécent de l'histoire. Remercier ainsi, après 21 ans de services (qu'on les juge bons ou mauvais), d'un coup d'un seul, sans entretien, sans préavis, en plein mois de juin, ce n'est vraiment pas le sommet de la courtoisie et de la distinction. En plus, selon toute vraisemblance PPDA ne s'y attendait pas. Récemment, je me souviens d'avoir lu dans "Paris Match" (j'étais chez le coiffeur) un article du genre "Pourquoi Poivre d'Arvor est indéboulonnable". Cruel coup du sort.


Pour finir, je me contenterai de citer Pierre Desproges (oui généralement c'est ce qu'on fait quand on est en manque d'inspiration, merci de me l'avoir fait remarquer) qui portraiturait ainsi son interlocuteur: "Patrick Poivre d'Arvor,homme éperdu de l'éternel chagrin des enfants du siècle, un homme qui vit sa mort jour après jour en adorant la vie, un homme qui va, l'écharpe au vent mauvais, frisonnant dans l'éprouvante amertume des sous bois de l'automne, où le loup de Vigny fint d'exhaler son impossible râle. Un homme enfin, déchiré par les contradictions insupportables de sa personnalité de demi-dieu vivant, moitié Châteaubriand, moitié Jean-Claude Bourret."


A la semaine prochaine.

10 juin 2008

Livre

Il y a quelques jours, j'entendais Alain Rémond dans ma radio raconter qu'une fois, interviewé par un journaliste belge, il s'aperçut au bout de quelques questions que le présentateur n'avait pas lu son livre (encore une chose qui n'arriverait jamais en France).


Autant dire tout de suite que je n'ai absolument aucun complexe à parler du dernier livre de mon chroniqueur préféré, "Le cintre était sur la banquette arrière" (Seuil), que moi, j'ai lu. A tel point que je me remets à peine de cette bouleversante narration de l'enfance bretonne d'Alain Rémond, dans les années 50.

-Ah bon? Ce n'est pas un recueil des chroniques de "Marianne", parues entre Juin 2003 et le 5 Janvier 2008 ?

Si, bien sûr, c'est exactement ce que je viens de dire. Donc, Alain Rémond publie un recueil de se chroniques de "Marianne" (dans lesquelles à ma connaissance, il n'est pas interrompu par un interlocuteur tatillon).

-Vous parlez de moi?

Non, non, pas du tout. Qu'est ce que je disais? Oui, le recueil des chroniques d'Alain Rémond, que j'ai lu, évidemment. A tel point que j'en ris encore, de ces merveilleux billet sur les sujets variés de la vie quotidienne. Les mois et les années défiles, et on se replonge dans les problèmes de banquette arrière, de cintres, de brocantes, d'Yves Pichon, de cintres, de Bretagne, de météo pourrie, de dynamo, de textique, d'armoire Ikéa, de baleine de parapluie, bref, toutes les délicates questions de société que se posent nos sociétés occidentales.


Le plus étrange cependant avec ce recueil de chroniques (car Alain Rémond, lui, arrive à liquider son stock de chroniques en les publiant), derrière le plaisir de la lecture, c'est de s'immerger dans un temps assez proche sur l'échelle de l'histoire géologique de la planète Terre, mais qui nous semble une éternité pour nos pauvres mémoires oublieuses. Ah, oui, en 2003! Raffarin Premier Ministre! Ah dis donc, c'était quelque chose! Ah oui, Laurent Fabius qui parle des carottes râpées! Ah tiens, je ne m'en souvenais plus, le pauvre, il est mort depuis, non? Ca alors, Chirac président? Ben tiens, c'était pas sous la Troisième République? Oh, mais alors Sarkozy était ministre? Oh lalala, c'est drôle, j'avais oublié! Les émeutes en banlieues? C'était vraiment en 2005? Pas au siècle dernier? L'affaire de la fausse agression antisémite du RER? Le débat sur le voile? Sur la Constitution? La campagne présidentielle? C'est marrant comme la mémoire est sélective!Tiens, François Bayrou était invité à la télévision? Non! Et Dominique Voynet aussi? On a vraiment changé d'époque, etc.


Pour finir, en plus d'être d'hilarantes "méditations amusées sur l'état du monde" et un puissant rétroviseur sur ces cinq dernières années médiatico-politiques, le livre, précision si vous doutiez encore de l'utilité de l'acheter, ne coûte que 17 euros. Qu'est ce que c'est 17 euros, je vous le demande? Un décilitre d'essence! Un paquet de pâtes! Trois baguettes de pain! Autrement dit: rien du tout. Alors n'hésitez pas. Foncez.


A la semaine prochaine.

01 juin 2008

Blog

Cette semaine, la lecture de « Marianne » nous révèle d'agréables surprises. Ainsi, dans la rubrique « Idées », quelques blagues philosophiques (oui parce que quand « Marianne » publie des blagues, c'est philosophique, que croyez-vous, ce n'est tout de même pas « l'Express »), blagues que je ne résiste pas au plaisir de vous retranscrire: « Docteur, prévient la secrétaire, un homme invisible vient d'entrer en salle d'attente.-Je suis surchargé, répond le docteur. Dîtes lui que je ne peux pas le voir! », « Un savant et sa femme font un tour en voiture à la campagne. Oh, regarde! S'écrie la femme. Ces moutons ont été tondus!-Oui, répond le scientifique, de ce côté » ou encore « Un Américain entre dans un bar, un superbe perroquet exotique juché sur son épaule. Whaou! Fait le barman. Vous l'avez déniché où?-En Amérique, répond le perroquet, des types comme lui, on en trouve des millions ».


Des blagues hilarantes donc, mais pas seulement: il y aussi, dans la rubrique d'Alain Rémond, quelques indiscrétions confidentielles (vous savez, les petites phrases ou anecdotes qu'on trouve dans les pages « Politique » de la grande presse) que le chroniqueur distille pour s'en moquer, du genre: « Tel ministre a dit de tel député que.... » ou « Des témoins privilégiés ont vu tel personnage important du gouvernement déjeuner avec tel membre éminent de l'opposition.... ». Bref, comme le dit l'auteur lui-même: « Du ragot de chez ragot ». Or, personnellement, je trouve cela ignoble: si Alain Rémond publie des ragots, que va faire Jean-Marc Morandini? Une émission sur France 5, peut-être? Non, je plaisante, mais enfin tout de même.


Mais le plus surprenant, dans cette chronique, ce sont les derniers phrases qui la conclue: (Alain Rémond apostrophe ses lecteurs: « Qu'a-t-il voulu dire par là? Pour le savoir, chers lecteurs, branchez vous sur mon blog ultraconfidentiel. Comment ça, je n'en ai pas? Vous êtes surs? »


Alors là, je dis « Non! » (pas trop fort quand même, j'ai des voisins à l'ouïe hypersensible). Je dis « Non! » et j'ajoute aussitôt: « C'est un peu fort de café » (car j'aime employer des expressions totalement désuètes et vieillottes, mais aussi, ce qui ne gâche rien, barbouiller mes chroniques de parenthèses hors de propos). Alain Rémond tenant un blog? Ca serait inouï! Il aurait donc réussi à vaincre le démon Informatique au point d'alimenter un site oueb et accessoirement, de me piquer mon fond de commerce? Excusez moi d'en douter. Mais d'un autre côté, il est tout à fait possible qu'Alain Rémond n'ait dit cela uniquement parce qu'arrivé en fin de chronique, là, pressé par le temps, il ait à la hâte griffonné ces quelques lignes abscondes, pour rejoindre illico presto Guy Konopnicki qui racontait ses vacances au Vénzuéla à Jean-François Khan devant la machine à café. Possible mais pas probable car Alain Rémond qui bâcle une chronique, je n'ose y croire. Donc voilà, bystère et moule de gomme, je m'en pers en conjectures et en hypothèses que de suppositions en suppositions je ne puis écarter tant l'incertitude et le mystère sont grands, et ici, Patrick, selon les sources proches du dossier tenant à rester anonyme, il pourrait y avoir un dénouement rapide à cette tragique affaire, mais encore une fois, l'incertitude règne ici , et donc voilà, je n'en sais pas plus mais je périphrase encore quelques instants pour garder l'antenne parce c'est pas tous les jours que je passe à la télé en duplex de Vierzon-sur-Loire.


Reste mes amis, une dernière hypothèse: Alain Rémond pourrait bien parler de ce blog-ci. Et bien après en avoir discuté avec les plus hautes autorités religieuses, politiques, civiles et militaires présentes dans mon bureau, à savoir, mon chat et moi, j'ai courageusement pris la décision d'écarter cette hypothèse. En effet, ce blog n'est, je crois, pas celui d'Alain Rémond (à moins que je soie moi-même, sans le savoir Alain Rémond et que j'aie un esprit incroyablement machiavélique, mais ça m'étonnerait tout de même un peu) et en plus, il n'est pas « ultraconfidentiel ». Donc, toujours autant de mystère. Ca serait une bonne affaire pour l'Inspecteur Derrick. Enfin, je crois.


A la semaine prochaine.

26 mai 2008

Pantalons

Alain Rémond est une espèce en voie de disparition. C'est ce que l'on apprend cette semaine dans « Marianne ». Pourquoi? Me diront les lecteurs curieux; An bon? Feront les lecteurs incrédules et Quand est-ce-qu'on mange? s'interrogeront les lecteurs gourmands. Je ne répondrai si vous le voulez bien qu'à la première de ces questions: Alain Rémond mesure 1,72m, ce qui est tout à fait honorable, car comme le dit Corneille dans « Le Cid chez les Ch'tis », je cite de mémoire: « aux âmes bien nées, sur la valeur n'influe pas la longueur des pieds ». Donc, Alain Rémond est un moyen Grand Homme, qui met du W33-L30 en ce qui concerne la longueur de ses pantalons (car si l'élégance et la distinction sont naturelles chez Alain Rémond, mettre des pantalons ça fait quand même plus classe).


Il fait du W33-L30 pour 1,77m? J'aurais dit un petit W-33-L32, moi!me diront les lecteurs tailleurs-couturiers (car je sens bien que des lecteurs tailleurs-couturiers me lisent par milliers. J'aime beaucoup les tailleurs. D'ailleurs, quand j'étais petit, mon père était tailleur, mais ma mère, elle était là, c'est le principal). Mais où veux-je donc en venir? Voulais-je simplement vous communiquer les mensurations épatantes d'Alain Rémond comme ça, pour le plaisir, pour que la France entière sache que son tour de taille est digne d'un athlète filiforme? Non, c'est uniquement une donnée d'un vaste problème: pour faire court, Alain Rémond ne trouve plus de pantalons à sa taille car lui dit-on «les gens portant du L-30 sont de moins en moins nombreux, d'où une baisse de rentabilité à fabriquer des pantalons de cette taille et une tendance à la disparition du L-30 », et d'où aussi son cri du coeur déchirant: « Je suis une espèce en voie de disparition ». Oui, je sais, mes amis, les déboires d'Alain Rémond, c'est triste, comme le cyclone birman et le séisme chinois, mais moins quand même, parce que je n'ai jamais vu un paysan birman ou un écolier chinois un tant soit peu fichu d'écrire une chronique sur les cintres, alors, bon, tout de même.


De ce fait, je pourrais aussitôt entamer, sur ce sujet brûlant: la disparition des L-30, l'éternel couplet trostkisto-besancenotiste: « oui c'est honteux, rentabilité à tous prix, les grands patrons s'engraissent sur le dos des petites gens, profit faramineux, cadeaux fiscaux, paquet fiscal, taxer les stocks-options.... » je préférerais plutôt m'interroger sur les raisons profondes cette situation, à savoir que la France grandit. De plus en plus. Très vite. Les grands nous envahissent. Moi par exemple, je suis quand même très grand. Très très grand. Enfin juste assez grand pour me prendre la tête dans le lustre du salon, nom de dieu nom de dieu.


Quant à Alain Rémond, si je puis me permettre, je n'ai qu'un seul conseil à lui donner: se faire prêter des pantalons par Nicolas Sarkozy. Je ne vois que ça.


A la semaine prochaine.


19 mai 2008

Cannes

« -Bonjour, bienvenue amis téléspectateurs dans notre émission, exceptionnellement en direct de de la plage du Martinez de Cannes, enfin presque puisque nous vous accueillons dans l'hôtel Formule 1 de Mandelieu-la-Napoule! (applaudissements du public)Ce soir encore, à l'occasion bien sûr du Festival de Cannes, on aura du beau monde pour parler cinéma avec notamment Olaf Peklowski, réalisateur du magnifique « Minuit moins 5 » documentaire slovaque sur les conditions d'arrachage des dents de sagesse en Europe de l'Est et dont on parle pour la Palme d'Or, James Sherwood et Mike Dubsky, respectivement acteur principal et réalisateurs américains du très attendu dernier volet des « Aventures des Aventuriers Aventureux, épisode 6 »qui sera présenté demain hors-compétition, lesquels toucheront leur oreillette pour signaler des problèmes techniques et prononceront la traditionnel phrase de tous les acteurs étrangers en visite chez nous: « Yes, I like a lot France, Paris, Tour Eiffel, baguette, I love.... », et puis, Jeanne Chalon, jeune et jolie espoir du cinéma français, qui est à l'affiche de « Parle-moi d'amour à Deauville puisque je t'aime un peu pour le meilleur et le pire » une comédie avec Pierre Arditi et Audrey Tautou, un autre réalisateur, vieux et très apprécié de Télérama qui présente ici son dernier film d'auteur ennuyeux et très bien mais dont j'ai malheureusement oublié le nom, Jacques Villemeny pour son dessin animé magnifique « Ivan, l'enfant-sauterelle, contre la Sorcière des Ténèbres » accompagné d' Alain Chabat qui double le héros, Arthur, l'homme-ragondin musqué d'Amazonie occidentale, l'humoriste Gad Elmaleh, qu'on fera tous semblant de ne pas reconnaître puisqu'il vient déguiser lourdement pour une imitation à mourir de rire d'un restaurateur chypriote du XVIIIeme de sa connaissance, Jennifer Hushley pour l'adaptation cinéma de la série culte « Chérie, j'ai envie d'avoir des poissons rouges », Stéphane Bern qui nous dira que le festival, c'était quand même mieux avant, un jeune chanteur issu de la télé-réalité qui bougera les lèvres sur le play bac de sont tub « Truc de ouf », un DJ et sa femme, un membre du jury que nous allons harceler en toute impudeur pour savoir quelles sont ses impressions sur les films déjà projetés, un écrivain-philosophe fêtard qui nous dira qui il a vu au bar du « Jimmiz », un duo de comiques que nous nous efforcerons de trouver drôle, un critique cinéma snob de la presse écrite, un acteur favori pour la palme d'or mais qui ne l'aura pas à la surprise générale, Franck Rihcard l'agitateur polémique qui choquera nos consciences en direct sur le plateau, Michèle Mercier, qui joue une cliente de La Poste dans « Bienvenue chez les Chtis » et qui nous dira quelles ont été ses impressions de tournage, et puis un écrivain auteur d'un livre sur Mai 68 puisqu'il faut bien en parler. Ha! Cannes éternelle magie du cinéma! »