Je ne voudrais pas tomber dans le lacrymalo-larmoyant sirupeux, ni dans le "soyons digne, restons fort, ne faiblissons pas" mais j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Quoi? Qui? Où? Quoi? Comment? Qu'est-ce? Une mauvaise nouvelle? Laquelle? Christian Jeanpierre continue de commenter les matchs de foot sur TF1? Non, amis lecteurs, pire que ça. Julien Courbet présente une émission sur France 2? Non, encore plus affligeant. Stieg Larsson a eut le temps d'écrire un quatrième tome de Millenium avant sa mort?Ah non, pitié, mes chers amis, déjà que les trois premiers sont les livres les plus ennuyeux et les plus mal écrits que j'ai lu depuis lontemps, j'espère bien qu'aucun manuscrit ne sera retrouvé par une veuve éplorée au fond d'un tiroir poussiéreux (sérieusement, si vous n'allez pas encore lu les insipides Millénium, surtout, ne les achetez pas, en plus c'est très cher. C'est très mauvais, on dirait une version papier de "L'Inspecteur Derrick". Du reste, ce n'est pas très étonnant, ce mauvais bouquin suédois, comme disait Proust, ou Rika Zaraï, je ne sais plus très bien: "les bons auteurs scandinaves, on peut les compter suédois d'une main"). Alors, quoi? Les Russes ont franchi le Rhin? BHL a commis un nouvel article sur le conflit géorgien? Christine Angot va nous vendre pendant des mois son dernier livruscule? Jean-Michel Aphatie est devenu communiste?Yves Calvi a perdu deux cheveux sur le front? Marianne a refait un numéro spécial "Sarkozy et les épagneuls bretons, enquête sur une relation trouble-Show bizz: révélations sur les folles soirées des stars à Maubeuge-François Bayrou est-il un héros courageux dans la droite lignée de Jeanne d'Arc, Napoléon et Charles de Gaulle? Le témoignage exclusif de Régis Debray et le sondage CSA/Marianne-Les politiques le taisent, les médias le cachent: le scandale des petits suisses avariés, Ségolène Royal prend position-Ils disent n'importe quoi et ne le reconnaissent jamais: les prévisionnistes de "Paris-Turf"-Et notre supplément spécial été: philosophie et érotisme, Nietzche aimait-il les blondes? Editorial spécial de Maurice Szafran" ? Alain Rémond va arrêter d'écrire? Mais non, voyons, pas si grave, tout de même. Alors, vous ne voyez pas? Bien, puisque vous êtes aussi lent à comprendre qu'un athlète français à terminer sa course sur une piste de course d'un stade pékinois, je vais vous le dire clairement: ce blog va s'arrêter.
Oui, je sais, dis comme ça, c'est un brutal, mais que voulez-vous, en ces périodes de crise et de récession, de guerre froide, et de croisade en Afgahnistan, que voulez-vous, il faut être franc et direct. Oui, mes amis, une bifurcation imprévue dans cette longue route sinueuse de ma vie, où je marche les dos courbé par le vent mauvais qui m'emporte de ça de là, pareil à la feuille morte, poussé par le souffle incandescent du Destin triomphant, guidant mes pas vers le gouffre obscur de nos vanités mortelles, cette longue route où le chemin est droit, mais la pente est forte, putain, c'est beau comme du Frederic Beigbeder, suivi d'un seul housard que j'aimais entre tous pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, car Booz s'était couché, de fatigue attablé, mais combien de marins, combien de capitaines qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, et jamais un coup de dés n'abolira le hasard,souvent sur la montagne à l'ombre du vieux chêne, au coucher du soleil, tristement je m'assieds, ô temps, suspends ton vol!Un seul être vous manque et tout est dépeuplé! Mais Ronsard me célébrait, du temps que j'étais belle, et d'ailleurs, mignonne, allons voir si la rose ce matin avait déclose, et nous partîmes cinq cent, mais par un prompt renfort, nous fûmes trois mille en arrivant au port, Rodrigue, as-tu du coeur? France mère des arts, quand reverrai-je hélas, de mon petit village fumer la cheminée, et la bobillette cherra? Car souvent pour s'amuser, les hommes d'équipage prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,et puis un loup qui n’avait que les os et la peau tant les chiens faisaient bonne garde, ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde et lui tint à peu près ce langage :« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » -C'est un peu court, jeune homme, répond Monsieur du Corbeau, car au village, sans prétention, j'ai mauvaise réputation, et longtemps je me suis couché de bonne heure, parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite, que je n'avais pas le temps de dire: "je m'endors", j'ai traversé le pont de Cé, et dans les rues de la ville, il y a mon amour, puisque ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale, et demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai, mais sur le tableau noir du malheur, je dessine le visage du bonheur, car sur mes cahiers d'écoliers, j'écris ton nom, liberté.
Bref, aussi brusque et éprouvant que cela puisse paraître (enfin, n'exagérons rien), comme je le disais avant que d'obscurs souvenirs lagarde-et-michardiens ne m'assaillent (ça me fait penser: allez visiter le Quai Branly, si vous avez l'occasion, le batiment est très beau, et il y a des superbes masques de guerriers massaïs, c'est magnifique et faussement naïf comme un livre de Kundera), un changement imprévu dans le cours de ma modeste existence (rien de grave, hein, au contraire) m'oblige à quitter quelques temps mon doux sol natal, me privant d'un accès régulier et facile aux joies immenses de cette terra incognita obscure mais merveilleuse qu'est l'informatique, sans laquelle, malheureusement, je ne puis entretenir la flamme du philorémondisme triomphant, bon dieu que cette phrase est longue, tout ça pour dire, enfin, que le seul et unique blog francophone exclusivement consacré à Alain Rémond (attention, moment d'auto-satisfaction intense) ne sera plus alimenté avec cette rigueur hebdomadaire et cette ponctualité légendaire qui faisait toute sa réputation, espaçant ainsi son rythme de publication, à des fréquences mensuelles, voire pluri-annuelles (est-ce une tautologie?a vous de voir), seulement pour les grands évènements rémondiens, parutions de livres, passages télés, envies soudaines et irrépressibles de raconter ma vie à mes amis lecteurs, etc, . Pardon, lecteurs, vous qui me lisez depuis déjà de longs mois, pardon de vous abandonner ainsi, et, ayant toujours à l'esprit le soutien que vous m'avez témoigné dans cette trop brève aventure, je m'aplatis de remords et d'humilité devant vous, comme un président français devant son homologue chinois. Oui, pardon, à toi, lecteur inconnu et plus ou moins anonyme derrière son écran d'ordinateur, pardon à toi Alain Rémond, qu'une imprudence folle me pousse çà tutoyer, et qui ne mérite pas une telle défection, pardon à toi aussi Jean-Edmond Le Crouchard, flamboyant président du Haut Conseil pour le Rayonnement Intergalactique d'Alain Rémond, dont j'ai oublié depuis bien longtemps de donner des nouvelles, comme me le faisait récement remarquer un lecteur fidèle, pardon à toi Nicolas Sarkozy, à toi François Fillon, humbles et magnifiques chevaliers triomphants de l'hydre socialo-bolchévique, dont j'ai souvent (soyons honnêtes) sous couvert de feinte admiration, égratigné la couche d'or fin recouvrant votre statue impériale au Panthéon des Grands Français Immortels, pardon à toi, Guy Konopnicki, pardon à toi Jean-François Kahn,qu' une lâche bassesse, qu' une immonde mesquinerie m'ont poussé à quelque fois vous tournés en dérision, oui, pardon, pardon à tous ceux que j'ai pu horripilé, fâché, vexé, mécontenté. Mais merci à vous, qui me lisez. Merci à toi, Marcel Gotlib, pour tout ce que j'ai appris à ta lecture. Connaissez vous, au moins, Marcel Gotlib, bande de petits chenapans? C'est un vieux monsieur, (eh oui, je l'ai rencontré, que croyez-vous, héhé, j'ai des relations), un vieux monsieur avec un affreux accent parisien, qui faisait, il y a longtemps, des bandes dessinées, dont les lectures successives et répétées de ma part n'arrivent pas à leur enlever le caractère hautement comique qui s'y attache, me plongeant, pour chacune de leurs cases, dans un état proche de l'hilarité furieuse. Je le dis, je le pense, Marcel Gotlib est, (avec Alain Rémond, of course), un monument de l'humour français. Il a un regard absurde sur la vie et s'amuse perfidement à détruire patiamment chacun des petits mythes de son pays. Cela vient peut-être du fait, que à l'âge de huit ans, il vit son père raflé par notre bonne gendarmerie française (Monsieur Gotlib avait bien entendu été préalablement dénoncé par un voisin, un honnête citoyen, un certain Bruce Horteufoux, je crois). Que voulais-je bien dire en parlant de Gotlib? Pas grand chose, simplement lui rendre hommage, parce qu'enfin, si l'on ne peut parler des choses et des gens que l'on aime sur son blog, à quoi ça sert, un blog, hein, je vous le demande? Je vous ai donc mis, comme vous pourrez le constater, quelques planches de ce génial dessinateur, cliquez dessus pour un gros plan (oui, je sais, elles sont affreusement estropiées, on dirait un budget de la Sécu après un plan de rigueur, mais bon). Oui, amis lecteurs, je pourrais vous parler encore un peu de Marcel Gotlib, Pierre Desproges, Ben Schott, Jean-François Zygel, Chris Esquerre, ou même de mon voisin, qui est au moins aussi épatant que ces cinq-là. Mais voilà, le devoir m'appelle, et le train sifflant s'avance en gare. Et bien, mes amis, ce sera, je crois, le mot de la fin.
Pas terrible, comme chute, non?